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8109. AU MINISTRE DE LA GRANDE-BRETAGNE MITCHELL A BERLIN.

Mitchell übermittelt, Berlin 21. September, in französischer Uebersetzung, ein an ihn gerichtetes Schreiben des englischen Gesandten Williams in Petersburg:

„Saint-Pétersbourg, samedi 4 septembre 1756.

Lundi, le 281 du passé, votre dépêche me fut rendue par le courrier. Je suis bien fâché d'apprendre que la guerre paraisse si prête à éclater. A Dieu ne plaise que Sa Majesté le roi de Prusse ne commence les hostilités; dans ce cas, je craindrais que cette cour ne restât pas tranquille, au lieu que, si l'Impératrice-Reine l'attaque, les troupes russiennes, selon les apparences, ne se remueront pas. Et c'est ce qui me semble mériter l'attention sérieuse de Sa Majesté Prussienne.

Le roi de Prusse peut aussi faire fond sur l'intelligence qui suit. Quand le ministre autrichien2 communiqua à la Porte Ottomane le traité dernièrement conclu entre les deux cours de Vienne et de Versailles, le Grand-Visir3 fut tellement frappé de cette nouvelle4 qu'il ne dit autre chose, sinon qu'il y rendrait réponse par le Reïs-Effendi.5 Le lendemain, le Reïs-Effendi déclara au ministre autrichien le grand étonnement de la Porte à voir unies les cours d'Autriche et de France; d'autant plus que les ministres autrichiens pendant tout un siècle s'étaient efforcés, tant par leurs discours que par leurs mémoires, de représenter à la cour ottomane la nation française comme la plus perfide qu'il y ait à l'Univers; qui, sans aucun égard à la justice et la bonne foi, s'était habituée à violer les traités, à usurper les droits et à envahir les domaines d'autrui. Qu'ainsi la Porte ne savait que penser de l'objet d'une telle liaison, mais qu'elle aurait soin de pourvoir à sa propre sûreté, en s'unissant au roi de Prusse, par la médiation du ministre suédois.6 Or cette intelligence me paraît assez importante, pour que Sa Majesté Prussienne en soit informée au plus tôt. Et si Sa Majesté trouve qu'il convient d'entamer telle négociation, notre ministre à la Porte7 pourrait en être chargé, supposé toujours que la déclaration du Turc soit sincère; c'est un habile ministre qui s'est fait beaucoup considérer à la Porte. Je pourrais ici exposer les grands avantages d'une telle alliance, dans l'état où nous nous trouvons; mais ce serait superflu, tant par rapport à vous qu'à la cour où vous résidez.

Je n'ai rien d'assuré à vous marquer de nos affaires à cette cour, ni de celles du roi de Prusse, mais vous en aurez une relation particulière par le premier courrier que je dépêcherai d'ici. J'ai l'honneur etc.

P. S.

Depuis votre dernière lettre, je me suis donné tous les mouvements possibles pour pénétrer les vrais desseins de cette cour à l'égard du roi de Prusse; et je tiens pour certain que, si l'Impératrice-Reine attaque le roi de Prusse, cette cour se déclarera neutre; mais au cas que le roi de Prusse soit l'agresseur, la Russie aidera Sa Majesté Impériale de toutes ses forces.

Comptez aussi que nos affaires sont bien changées ici depuis peu de jours.“

Sedlitz, 24 septembre 1756.

Monsieur Mitchell. Quoique les nouvelles que vous avez bien voulu me communiquer à la suite de votre lettre du 21 de ce mois, ne soient pas des plus favorables, je me flatte cependant encore qu'il pourrait y avoir du changement et que l'argent prussien8 pourra peut-être opérer en dépit de celui de l'Autriche. Sur quoi, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung im British Museum zu London.



1 Sic, statt 30.

2 Schwachheim.

3 Mustafa Pascha.

4 Vergl. S. 180.

5 Hamsa Hamid.

6 Celsing. Vergl. Bd. XI, 257.

7 Porter.

8 Vergl. S. 328.