<29> affaire de cette conséquence que celle de la conservation de la République et de sa liberté, qui ne saurait que de risquer extrêmement, à moins qu'on ne profite du moment présent qui reste pour prendre des mesures efficaces d'un concert commun, afin de prévenir les maux qui menacent la totalité. C'est donc pourquoi je vous réitère mon ordre précédent de ne négliger aucune occasion pour représenter vivement les suites de cette léthargie fatale où l'on se trouve à vos lieux relativement aux grandes affaires de l'Europe, et de contribuer par tout ce que vous saurez imaginer des expédients à la conciliation des susdits différends entre l'Angleterre et la Hollande.

D'ailleurs, je ne veux point vous laisser ignorer, et vous pouvez compter que ce que je vous mande à ce sujet, est conforme à la plus exacte vérité, qu'il y a un plan formé en France,1 auquel le comte d'Estrées, qui passera à Vienne, a ordre d'insister et de faire les plus grands efforts pour disposer l'Impératrice-Reine à y donner son suffrage, en conséquence duquel la France s'offre de faire marcher toute seule 50,000 hommes pour entreprendre une diversion contre mes États de Gueldre, de Cleves et en Westphalie; que la France offre d'entretenir cette armée à ses dépens et de pourvoir à tous les frais de la guerre, pourvu que la cour de Vienne voulût la tenir quitte des engagements pris par le traité de Versailles et ne rien exiger d'elle au delà de cette démarche; que la France prétend faire par là d'une pierre deux coups, c'est-à-dire qu'elle veut se rendre préalablement maîtresse de la ville de Wesel, et que ce même corps d'armée doit être employé alors et en cas de réussite contre l'électorat d'Hanovre, où elle se propose également de faire une levée de boucliers dans le cours de la campagne prochaine. Je suis, au surplus, informé que ne doutant pas en France que la cour de Vienne ne goûterait pas la proposition, l'on s'y prépare en conséquence pour ouvrir la campagne au mois de mars, et, quoique point d'autres régiments n'aient jusqu'à présent ordre de marcher que ceux qui doivent composer le corps auxiliaire pour l'Impératrice-Reine, assemblé à Strasbourg, que néanmoins plusieurs officiers généraux qu'on a promis d'employer dans cette expédition, forment déjà sous main leurs équipages et que le bureau de la guerre fait plusieurs dispositions qui paraissent se rapporter à cet objet, quoique l'exécution de ce plan dépend encore de la réussite des commissions du comte d'Estrées à Vienne.

Dans ces circonstances, je veux bien que vous glissiez adroitement à quelques régents, où vous le trouverez convenable, l'insinuation, quoiqu'encore comme de votre chef, que, quand je ne verrai plus jour d'être soutenu par mes amis, ni comment soutenir mes provinces de Clèves contre de pareils assauts, je pourrais bien me résoudre de les abandonner dans le moment présent à leur sort et de retirer en consé-



1 Vergl. Nr. 8314.