<422>sites par charroi; me flattant en outre que, pat cette prompte et prématurée expédition, à laquelle sûrement les ennemis ne s'attendent plus, depuis que le prince de Bevern après son expédition de Friedland s'est retiré dans son ancien poste dans la Lusace,1 nous enlèverons à l'ennemi plusieurs dépôts de leurs magasins, qui ne laisseront pas aussi à nous aider de vivautés; [et nous nous aiderons] moyennant de l'argent comptant où les vivres nous manqueront, et l'exacte discipline et ordre, dont on se dédommagera par la suite avec usure par les contributions qu'on pourra lever sur les quartiers avec régularité sur les endroits qui n'auront pas été fourrages ou n'auront pu faire des livraisons de pain: ce qui doit naturellement entrer en ligne de compte, quand on pense se maintenir dans un pays ennemi, sauf à en faire le dégât, si on se voyait obligé de l'abandonner sans espérance d'y retourner.

Ma principale vue dans cette expédition est qu'en tombant inopinément et avant que l'ennemi se soit rassemblé en force, au beau milieu des quartiers de l'armée jadis Piccolomini,2 qui s'étendent depuis Friedland jusques derrière l'Elbe dans le cercle de Chrudim, j'espère3 faire bonne capture, et dont cette armée aura peine à se remettre de toute la campagne; et ce qui dérangera sûrement tous les beaux plans d'opérations qu'on aura formés pour nous abîmer, et facilitera en échange tous les desseins de Votre Majesté pour les opérations ultérieures de Sa campagne.

S'il restait à Votre Majesté assez de forces de Son côté pour un détachement de 12,000 à 15,000 hommes qui fît mine d'en vouloir à Eger, au même temps qu'Elle marche avec le gros de Son armée vers Aussig, cette manœuvre obligerait le maréchal Browne à faire des détachements du moins vers Saatz, pour être en état d'empêcher le siège d'Eger et empêcher à ce corps le passage de la rivière de l'Eger, et plus les forces de l'ennemi seront éparpillées, meilleur marché pour nous.

Comme je m'éloigne par ci par là des réflexions de Votre Majesté, Elle aura la grâce de le pardonner, m'ayant ordonné par Sa gracieuse lettre de Lui marquer bien sincèrement et tout naturellement ma façon de penser sur ce sujet. Ce que j'ai fait avec tout le zèle que j'ai pour Sa gloire et Son service, pendant toute la nuit passée.

Mes arrangements, en outre, sont tels que je pourrai retirer, au premier avis que Votre Majesté voudra nous envoyer quelqu'un de confiance pour concerter nos opérations, les troupes qui sont dans la Haute-Silésie et mettre la main à l'œuvre, et que rien ne pourra plus reculer pour lors, si ce n'est le manque d'habillements, selles etc. ; ce qui me doit encore arriver de Berlin, et sur quoi je n'ai aucune certitude, malgré peut-être dix lettres que j'ai écrites sur ce sujet à Berlin, pour en presser la prompte livraison.

En attendant la gracieuse réponse de Votre Majesté, j'ai l'honneur d'être de cœur et d'âme etc.“

Lockwitz, [26] mars4 1757.

Vous avez très bien envisagé les choses, mon cher Maréchal, on voit que vous êtes un vieux routier qui connaissez le métier à fond, et qui pouvez donner de bons avis aux jeunes gens.

J'ai lu et relu votre projet, il est admirable; je suis bien aise de m'être tant soit peu rencontré dans votre façon de penser, mais voici à peu près ce que je crois qu'il faudra régler nécessairement, r Quinze jours de pain pour votre armée. 2° Dix jours de fourrage. Ensuite, comme vous le dites très bien, il faut observer pour le tout un secret impénétrable.



1 Vergl. S. 369.

2 Vergl. S. 414.

3 In der Vorlage „dont j'espère“ .

4 In dem Concept das Datum „ce 27 mars“ , in der Ausfertigung „,26 mars“ .