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patible avec sa dignité et avec la bonne foi dont elle faisait profession, et qu'en conséquence elle avait cru ne pouvoir mieux employer l'interstice présent qu'à apprendre les véritables intentions de Votre Majesté et à s'assurer si Elle ne voulait point approuver que Sa Majesté Britannique pût accepter la neutralité qui lui avait été offerte sous les conditions suivantes:

1° Que non seulement les Etats de Sa Majesté Britannique en Allemagne, mais aussi ceux des États de l'Empire qui avaient déclaré à la Diète de ne vouloir prendre aucune part à la guerre présente, et en particulier les maisons de Wolfenbüttel, de Cassel et de Saxe, soient compris sous cette neutralité.

2° Que la cour impériale se désiste du contingent de l'Empire qu'elle demande à ces princes.

3° Qu'elle renonce également à toutes les prestations de sûreté et de facilité qu'elle exigeait d'une façon indéterminée, et

4° Que les troupes françaises et autrichiennes observent une certaine barrière, savoir qu'elles n'inquiètent pas les Etats de Votre Majesté en Westphalie et les évêchés de l'électeur de Cologne, qui sont contigus à l'électorat d'Hanovre, et qu'elles ne s'approchent pas aussi trop du côté de la Wetteravie.

Après avoir détaillé ces conditions, le baron de Münchhausen entre dans un grand raisonnement pour les faire goûter. Il soutient pour cet effet que de cette façon on assurerait non seulement la neutralité et la tranquillité des États d'Hanovre et des princes qui avaient eu le courage d'adhérer à Votre Majesté à la Diète de l'Empire, mais qu'on garantirait en même temps à Votre Majesté le dos, en empêchant que Ses ennemis ne puissent se forcer le passage au cœur de Ses Etats par ceux d'Hanovre. Il poursuit, après, qu'on trouvait encore de grandes difficultés à assembler une armée qui pût faire tête à une armée française de 50,000 hommes, et que, si la France doublait le nombre ou faisait agir deux armées, chacune de 50,000 hommes, comme elle paraissait le vouloir faire,

votre propre chef, sans qu'il soit besoin que je vous y conduise à la main. Ce que vous vous tiendrez dit une fois pour toutes, vu que, dans la position où je me trouve actuellement, et occupé que je suis maintenant à mes arrangements pour les grands coups qui se frapperont pendant la campagne qui vient, je ne saurais absolument pas suffire à d'autres affaires, dont il faut que je vous abandonne entièrement les soins et la direction.

Pour ce qui regarde la lettre du baron de Münchhausen touchant une neutralité à adopter pour l'Hanovre, sur laquelle vous me demandez mes ordres de quelle façon je veux que vous y répondiez, je suis surpris de votre demande, après que vous devez reconnaître d'abord qu'une telle démarche de la part de l'Hanovre ou de l'Angleterre serait la plus grande trahison d'un allié, qui à la vérité n'a été mêlé de cette guerre que pour le bien-être de l'Hanovre, et dont les ennemis n'ont été excités qu'en haine de la convention faite avec l'Angleterre, pour ne pas permettre que des troupes étrangères entrassent en Allemagne.1 Vous êtes, d'ailleurs, assez au fait des raisons qui doivent, outre cela, empêcher les ministres d'Hanovre pour ne pas donner si lourdement dans un piège aussi grossier que celui que la cour de Vienne et ses alliés leur offrent pour les mener d'autant plus sûrement à leur perte; que je ne serais jamais contraire à des propositions raisonnables pour convenir d'une paix honorable pour



1 Vergl. S. 361.