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on ne pourrait jamais parvenir a lui opposer des forces égales, surtout après que Votre Majesté avait avoué plus d'une fois ne pouvoir Se passer d'aucun corps considérable;1 que, par conséquent, une opposition si mal soutenue ne ferait qu'entraîner la ruine de l'électorat d'Hanovre, sans procurer aucune utilité à Votre Majesté. Qu'on La priait donc de S'expliquer sur ce sujet avec la même cordialité dont on en usait envers Elle, et que, si Elle n'approuvait point cette idée, ou que les cours de Vienne et de France ne voulussent point se prêter aux conditions susmentionnées, on s'attendait que Votre Majesté prendrait pour Ses propres intérêts les arrangements nécessaires, pour renforcer l'armée d'observation d'un corps de troupes qui pût la mettre en état de s'opposer à l'ennemi commun avec succès, les 6 bataillons de la garnison de Wésel qu'Elle avait fait offrir pour cet effet,2 ne pouvant aucunement suffire pour ce but.

Le baron de Münchhausen finit par demander une prompte réponse.“

l'Angleterre et pour moi, mais qu'une neutralité pour l'Hanovre et les princes d'Allemagne qui s'y étaient attachés, n'était rien autre au fond que de prêter librement le col au joug et à l'esclavage que les ennemis voudraient imposer à l'Angleterre et à tout l'Empire; qu'on n'en obtiendrait plus que le bénéfice momentané de Polyphème; que les propositions mêmes comprises dans l'offre de neutralité étaient si vagues, si compliquées et si obscures que l'artifice en paraissait clairement; que, d'ailleurs, il ne fallait jamais se flatter que la cour de Vienne voudrait ni oserait promettre sérieusement à l'Hanovre les conditions qu'elle souhaitait, et, supposé qu'on le fît, ce ne serait que pour la tromper plus aisément. Mais le grand mal qui arriverait de tout ce chipotage, serait que le ministère d'Hanovre se laisserait amuser par ces faux-fuyants, pour perdre le précieux temps de faire de bons préparatifs pour sa défense et pour montrer les dents à ses ennemis qui en voulaient à l'Hanovre; qu'il s'en fallait beaucoup que l'armée française fût aussi forte qu'elle se qualifiait; qu'elle n'était pas si prête d'agir qu'on le débitait;3 que l'intérieur de la France et les appréhensions pour les flottes anglaises ne lui permettraient pas de se dénuer de toutes ses forces, pour les tourner vers l'Allemagne, et que j'avais toujours dit que, pourvu que les forces de l'ennemi voudraient se tourner pour prendre l'Hanovre par derrière, j'y accourrais,4 et que d'ailleurs, dès que j'aurais les bras un peu plus débarrassés, je porterais tout le secours possible.5

Enfin, il y a bien d'autres raisons que vous saurez employer en ceci, que je n'ai pas besoin de vous alléguer et que votre expérience consommée dans les affaires vous fournira, pour répondre au baron de Münchhausen avec fermeté et dignité.

Pour finir, je vous réitère encore une fois pour toutes que je ne suis point à même dans les moments présents de donner attention aux rapports que vous me faites sur de pareilles affaires, ni de m'en mêler, et que vous devez absolument m'en ménager, tandis que j'ai les grandes



1 Vergl. S. 276. 345.

2 Vergl. S. 385. 404.

3 Vergl. S. 431.

4 Vergl. S. 276. 349.

5 Vergl. S. 403.