8417. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH A ERLANGUE.

[Dresde,] 10 décembre [1756].

Ma très chère Sœur. Je vous rends mille grâces de la lettre que vous avez eu la bonté de m'envoyer. Ici tout est encore assez tran<124>quille; l'ennemi a eu quelque dessein sur la Lusace,124-1 mais j'espère qu'il le verra avorter. Pour l'année prochaine, ce sera autre chose, et nous trouverons plus de besogne que nous n'en avons jusqu'à présent; mais avec l'aide de l'Être suprême,124-2 s'il daigne se mêler des misères de ce monde, nous nous tirerons d'embarras. Enfin, ma chère Sœur, il faut avoir bon courage et ne désespérer de rien; j'espère qu'après cette campagne prochaine je pourrai peut-être avoir le bonheur de vous voir et de vous embrasser.

J'ai entendu ici les chanteuses de l'Opéra, dont les voix et l'habileté ne méritent pas grande attention. La Pilaja a crié comme un arracheur de dents, l'Albuzzi n'a pas la voix agréable. J'ai entendu quelques oratoires et quelques messes fort belles. Hasse veut aller en Italie, je lui ai persuadé de passer par Erlangue;124-3 il se mettra en voyage après Noël. Voilà les nouvelles de Dresde et du faubourg. Adieu, ma chère et charmante Sœur, je vous embrasse mille fois, en vous assurant de la vive tendresse avec laquelle je suis, ma très chère Sœur, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



124-1 Vergl. S. 114.

124-2 Vergl. S. 98. 117.

124-3 Vergl. S. 150. 151.