<307> dès que le prince Ferdinand aura passé le Wéser et fait mine de tourner du côté de Paderborn, que tous les Français courront au Rhin, et qu'il n'en sera plus question pour cette année, ce qui fait un point très important pour nos affaires.

Je compte de commencer le siège de Schweidnitz du r8 au 20 et d'avoir fini cette besogne le 2 d'avril.

Vous aurez reçu à présent, mon cher frère, une ample instruction de ma part,1 et vous verrez par là que le dessein de l'ennemi est de commencer une campagne précoce. Il y a apparence que vos succès — surtout si les Français sont forcés à repasser le Rhin ralentiront cette première ardeur. C'est de quoi dépend le moment que vous voulez vous rendre à Berlin. Je vous avoue que je ne crois pas que cela se pourra : si c'est pour voir Madame ou arranger des affaires, faites plutôt venir en Saxe les gens dont vous avez besoin, que rien n'empêche de voyager; si c'est pour vos finances, j'y ai pourvu selon le peu de moyens qui me restent, comme vous le verrez par les ordres donnés à Borcke.2 D'ailleurs, j'aurai besoin, vers le mois d'avril, du maréchal Keith,3 que je ne saurais retirer de Saxe, avant que vous ne l'ayez relevé.

Comme nous n'avons ici aucune nouvelle de ce qui se passe chez vous, je vous prie de m'écrire de temps à autre ce que vous apprenez et surtout de ce que font les Rossbach, s'ils fuient avec, ou s'ils prendront le chemin du Bamberg.

La chose à laquelle je vous avais préparé, n'aura point lieu,4 dont je suis bien aise, parceque je hais tout ce qui s'appelle sévérité, rigueur, et que je ne m'y porte que quand cela est absolument nécessaire. Voilà deux ministres de disgraciés, Paulmy à Versailles5 et Bestushew à Pétersbourg;6 cela ne nous fait ni chaud ni froid. Je vois bien qu'il



1 Nr. 9839.

2 Vergl. S. 297.

3 Vergl. S. 269.

4 Vergl. S. 267 mit Anm. 1.

5 Am 26. Februar wurde der Kriegsminister Paulmy verabschiedet, an seine Stelle trat der Marschall Belle-Isle.

6 Bestushew wurde am 14./25. Februar gestürzt. Eichel schreibt an Finckenstein, Breslau 13. März: „Die Katastrophe mit dem Grosskanzler Bestushew . . . hat des Königs Majestät sehr frappiret; wollte Gott, dass solche vor drei oder vier Jahren geschehen wäre, so würde viel Unglück, so nachher geschehen, unterblieben seind! So aber ist dieser Vorfall jetzo um so embarrassanter, als wir die eigentlichen Ursachen davon noch ignoriren und nicht wissen können, ob die Suiten davon uns favorabel oder, wie zu besorgen, schädlich sein werden.“ Mit demselben Schreiben übersendet Eichel an Finckenstein das Schreiben des Grafen Mailly, d. d. Versailles 30. Januar, für den Prinzen Heinrich. (Vergl. schon S. 266 Anm. 2.) Finckenstein würde aus dem Schreiben des Grafen, „der Urlaub nach Frankreich hat und das Terrain dorten sondiren wollen,“ ersehen, „wie man in Frankreich bis dahin wegen eines zu herstellenden Friedens denket“ . . . „Ob die jetzige Successe des Prinz Ferdinand von Braunschweig andere Idées inspiriren werden, stehet dahin.“ Das ganze Schreiben von Mailly lautet:
      „Que le Roi ne mettrait jamais d'animosité ni d'humeur dans la guerre où Sa Majesté a été forcée d'entrer par l'invasion de la Saxe et de la Bohême, en qualité d'auxiliaire de l'Empire, de l'Impératrice-Reine et du roi de Pologne, électeur de Saxe. Que le Roi, fidèle à ses alliés, évitera toute négociation qui pourrait leur donner ombrage, mais qu'il ne se refusera jamais, conjointement avec ses alliés, à une paix qui serait fondée sur les principes de l'équité et de la sûreté de la paix publique de l'Empire. Mais ce que je puis joindre encore, Monseigneur, avec confiance, est l'assurance des sentiments du Roi les plus purs et les plus sincères de voir la tranquillité rétablie et cimentée pour jamais. C'est le fond de son cœur, comme celui de son ministère; mais Votre Altesse Royale sentira d'Elle-même aisément que ces mêmes sentiments sont dépendants par eux-mêmes des différents moyens qui peuvent convenir à ses alliés, vis-à-vis desquels, en effet, le Roi, dans ce moment, n'a d'autre titre que celui d'auxiliaire et de garant de leurs États. C'est donc de ces moyens mêmes d'où dépend cet objet si désirable que la paix.“