9667. AU LIEUTENANT-GÉNÉRAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Breslau, 4 janvier 1758.

Monsieur mon Cousin. J'ai bien reçu la lettre que Votre Altesse a pris la peine de me faire du 27 décembre,152-4 pour S'expliquer sur le plan d'opérations qu'Elle a suivi jusqu'à présent. Permettez-moi de vous parler avec cette cordialité et sincérité dont j'ai toujours usé avec vous, et de vous dire, en conséquence, que tout ce que vous alléguez des raisons pour avoir différé votre marche contre les Français et pour avoir tourné vers Celle,152-5 ne me satisfait pas absolument :

primo, parceque la marche vers Celle est plus loin qu'une vers Nienburg;

en second lieu, tout le pays d'alentour de Celle est fort stérile et d'ailleurs déjà fort épuisé de l'ennemi;

tertio que, si vous voulez tirer l'ennemi hors de ce pays-là, il faut que cela se fasse plutôt par une marche sur Nienburg que vers Hanovre ou Brunswick, où l'ennemi trouve des villes d'où il peut toujours tirer toutes sortes de commodités et d'aisances, au lieu que, si vous le rejetez vers le Wéser, il en manquera bien, et vous aurez aisément fait de lui.

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Nous venons d'apprendre ici que Harburg s'est rendu,153-1 et qu'on y a pris plus de 3000 prisonniers de guerre. Je vous en félicite d'autant plus que par là la chance se tourne en votre faveur, et je me flatte que vous finirez mieux à présent. C'est là la meilleure occasion que vous pourrez trouver jamais pour rejeter l'ennemi au delà du Weser.

D'ailleurs, permettez que je vous recommande comme une chose essentielle d'inquiéter et de fatiguer continuellement l'ennemi, qui par là se lassera et se repliera de soi-même.

Dès que vous longerez le Wéser, le pays vous fournira mieux les subsistances; l'ennemi abandonnera l'Hanovre, il fera peut-être quelque résistance à Minden, et il ne voudra pas quitter tout de suite le pays de Brunswick, où il s'est niché en partie. Mais, avec la supériorité du nombre des troupes que vous avez encore sur lui, vous avez à présent le meilleur instant pour le rembarrer. Il faut que vous observiez soigneusement de ne pas le laisser échapper, pour agir avec vivacité. Je suis avec des sentiments d'estime, Monsieur mon Cousin, de Votre Altesse le bon cousin

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin.



152-4 Vergl. diesen Bericht bei Westphalen, a. a. O. II, 180 — 182.

152-5 Vergl. S. 147.

153-1 Das Schloss von Harburg capilulirte am 31. December 1757.