9679. MÉMOIRE.161-1

Comme il est assez connu que les armes de l'Angleterre n'ont pas prospéré jusqu'ici en Amérique, et que, malgré les grandes dépenses que la Grande-Bretagne a faites pour ses armements maritimes, le succès n'a pas répondu à ses espérances, il paraît probable qu'elle ne pourra pas s'indemniser de ses pertes par d'autres moyens que par le succès qu'elle et ses alliés pourront avoir sur terre. Les Anglais n'ont repris aucun des forts que les Français leur ont enlevés en Amérique, ni ils n'ont pu faire de conquête qui pût, à la paix prochaine, servir d'échange contre Port-Mahon;161-2 ses grandes flottes n'ont rien effectué, et elle entretient, dans le royaume, passé 50,000 hommes de troupes qui ne lui rendent aucun service. Autant qu'il importait, l'année 1756, d'avoir ces troupes pour garantir le royaume des descentes dont il était menacé<162> de la part des Français,162-1 autant ces troupes paraissent-elles à présent hors d'œuvre, que les Français n'ont pas un homme de reste pour l'employer à des descentes sur l'Angleterre : toutes leurs troupes de terre sont dans l'île de Minorque, en Corse, dans le Canada, surtout le grand nombre en Allemagne. Pendant que les Français font usage de toutes leurs forces, et qu'ils attaquent les Anglais et leurs alliés avec toute leur puissance et celle des plus considérables puissances de l'Europe, l'Angleterre n'emploie qu'une partie de ses forces et tient les autres inutiles: il semble voir un homme robuste et fort, qui se bat avec un autre qu'une paralysie a privé de l'usage d'un bras. Quel avantage l'Angleterre peut-elle espérer de cette conduite, sinon que de voir peut-être écraser ses alliés en Allemagne et de voir triompher la France, qui certainement, après avoir donné la loi en Allemagne et se trouvant en possession d'Ostende et de Nieuport, ne manquera pas de porter alors toutes ses forces contre les îles britanniques.

Voici d'autres considérations. On sait que l'Angleterre a garanti l'électorat d'Hanovre;162-2 le cas de le secourir est arrivé : sera-t-il dit que cette nation généreuse ne volera pas aux secours des États de son Roi: et voudrait elle s'exclure elle-même de l'influence qu'elle a eue de tout temps dans les affaires d'Allemagne? De plus, tant qu'il n'y aura point de troupes anglaises jointes à l'armée des alliés qui en a grand besoin, comment peut-on se flatter que cette armée, telle qu'elle l'est à présent, avec quelque secours de Prussiens, puisse forcer les Français de repasser le Rhin? Si les Anglais s'y joignent, certainement il n'y a rien de plus possible, mais même de plus vraisemblable, et alors sans doute les Hollandais, voyant une armée victorieuse qui leur tend les bras, ne manqueront pas de se déclarer, de se joindre à elle et d'obliger les Français à quitter Ostende, Nieuport et à renoncer à tous les ambitieux projets. Il me paraît donc ou qu'il conviendrait à l'Angleterre d'envoyer quelques secours de ses troupes en Allemagne pour tirer parti de ses forces, ou que, si des raisons difficiles à deviner l'en dissuadent, qu'elle ferait mieux de réduire ces troupes inutiles, pour s'épargner cette dépense et de faire en revanche de plus grands efforts sur mer, pour gagner du moins sur un des deux éléments la supériorité sur l'ennemi éternel de sa puissance et des libertés de l'Europe.

Nach der eigenhändigen Aufzeichnung des Königs im Königl. Geh. Staatsarchiv zu Berlin; übereinstimmend mit der Mitchell übergebenen, zur Absendung an die englische Regierung aber nicht gelangten Abschrift im Nachlass Mitchells im British Museum zu London.



161-1 Die Denkschrift sowohl wie das Begleitschreiben des Königs (Nr. 9678) führen kein Datum. (Sie befinden sich im British Museum in Vol. 6843 der Additional MSS. hinter dem Monat October 1758.) Mitchell schreibt in dem „private and very secret“ bezeichneten Bericht vom 9. Februar 1758 an Lord Holdernesse, bei einer Erörterung über die Sendung englischer Nationaltruppen nach Deutschland: „Just after my arrivai at Breslau, I had prevailed with His Prussian Majesty to take back a very strong memorial, which he had drawn up on the subject, and desired me to transmit to England.“ Die gleiche Angabe wiederholt Mitchell in einem Bericht vom 12. März 1758. Nach Breslau kam Mitchell am 8. Januar, noch an demselben Abend beschied ihn der König zum Abendessen. (Vergl. Mitchells Tagebuch in Bisset a. a. O. Bd. ii, S. 2.)

161-2 Vergl. Bd. xiii, 611.

162-1 Vergl. Bd. XIII, 609.

162-2 Vergl. Bd. XII, 16.