<139> amitié, dont vous m'y donnez des nouvelles très convaincantes, m'ont sensiblement touché, ainsi que je vous en ai toute l'obligation imaginable.

Les bonnes intentions que Votre Altesse marque pour le rétablissement de la paix et de la tranquillité publique, ne pourront pas être assez applaudies; mais Elle me permettra de Lui dire, quant au projet à Sa lettre, que, dans la situation où les choses se trouvent présentement, l'on ne saurait guère se promettre que vos bonnes idées auraient tout l'effet désirable. Les deux points les plus principaux entre tous les autres, et qui regardent les grandes raisons qui ont motivé cette guerre, ne s'y trouvent pas touchés, savoir, en premier lieu, les affaires d'Amérique, qui cependant font le principal objet de l'Angleterre, dont je ne saurais abandonner les intérêts ; d'ailleurs, les cessions et les possessions des places de la Flandre que les Français ont obtenues de la cour de Vienne,1 ne sont aucunement touchées dans ledit projet, et d'ailleurs j'ai lieu de remarquer qu'on n'y a point songé, ni à ce qui me regarde, ni à ce qui regarde les Russes et les Suédois.

Au surplus, je ne saurais pas me dispenser de vous faire observer que ni moi ni la Reine-Impératrice ne voudrions nous jamais assujettir à un tel arbitrage que le projet propose, qui irait directement contre le droit de tout souverain, qui serait sujet à une infinité d'inconvénients, et auquel aucune puissance souveraine du monde [ne] voudrait donner les mains.

Voilà en peu les considérations que j'ai faites sur le projet mentionné, et les bonnes intentions que je connais à Votre Altesse pour désirer une paix stable et solide, me persuadent qu'Elle les trouvera justes et dignes de Sa réflexion ultérieure.

Federic.

Nach dem Concept.


10177. AU CONSEILLER PRIVÉ VON DER HELLEN A LA HAYE.

Au camp auprès de la Metau,2 28 juillet 1758.

Les rapports que vous m'avez faits du 14 et du 16 de ce mois, m'ont été fidèlement rendus, et [je] vous sais tout le gré imaginable de la



1 Vergl. Bd. XVI, 435.

2 Rohenitz liegt südlich der Metau, eines östl. Nebenflusses der Elbe.