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10609. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Breslau, 24 décembre 1758.

Je n'ai fait que ce que je dois, mon cher Ferdinand, en vous donnant un grade1 qui, au lieu de vous illustrer, en recevra de vous. Je n'entre point dans des détails qui vous feraient rougir, mais je dois au moins ne pas vous céler combien j'applaudis à la conduite que vous avez tenue à la tête de votre armée; les effets en font foi, et le roi d'Angleterre doit être convaincu qu'il y a une autre façon de faire la guerre, pour soutenir le pays de Hanovre, que celle de se mettre derrière le Weser.2

Je vous envoie le capitaine Giese3 que vous connaissez. Je réponds du talent, mais pas d'une entière expérience. Si vous le menez, il vous rendra de bons offices; mais si vous vous abandonnez à lui, il vous fera faire des sottises. Le défaut de celui-ci et de tous les autres que j'ai et dont je me sers, est d'être trop superficiels, et quand même ils se trouvent sages une fois, ils ne le sont pas toujours. Quant aux précautions à prendre, c'est de quoi il faut sans cesse leur rappeler la nécessité et l'importance.

Vous aurez vu par mes dernières lettres les avis que l'on m'a donnés,4 et mes conjectures; il y a certainement quelque dessein qui se couve. Je ne suis pas encore assez instruit pour le découvrir, mais je crois qu'il vous regarde, et que vous ferez bien d'être sur vos gardes. Si quelque gros corps autrichien se porte dans l'Empire, je vous enverrai quelque secours, selon que ma situation le permettra; mais ne vous attendez pas à grand' chose : nous sommes fort délabrés, et nos pertes et nos victoires ont emporté cette fleur de l'infanterie qui la rendait autrefois si brillante. Je ne veux point toucher cette corde-là, ni celle de mes afflictions personnelles; ne songeons qu'à défendre nos pénates. Soyez, vous mon cher Ferdinand, l'émule de cet Arminius qui combattit dans les mêmes contrées que vous pour la liberté de la patrie, et que j'apprenne que Soubise ou Contades aient éprouvé le destin de Varus! Embrassez notre jeune héros5 de ma part; que le Ciel le conserve et le préserve des hasards malheureux auxquels cette cruelle guerre expose! Et vous soyez persuadé de l'amitié et de la parfaite estime avec laquelle je suis, mon cher Ferdinand, votre fidèle ami etc. etc. etc.6

Federic.7

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin. Eigenhändig.



1 Vergl. S. 419. Anm. 4.

2 Vergl. Bd. XIII, 594. Vergl. auch oben S. 422.

3 Vergl. S. 424. 433.

4 Vergl. Bd. XV, 186. 214. 238. 247.

5 Der Erbprinz von Braunschweig, der Neffe des Königs und des Prinzen.

6 So.

7 Dem obigen Schreiben wurde der Auszug aus einem Berichte von d'O, d. d. Glatz 23. December, angehängt. Danach sollte ein Corps von 25,000 Mann von der Daun'schen Armee in das Reich marschiren.