11046. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A BERLIN.

Reich-Hennersdorf, 5 juin 1759.

J'ai été bien aise de voir par votre rapport du 2 que vouz avez mis d'abord les fers au feu, touchant les insinuations à faire au baron Münchhausen, en conséquence de ce que je vous ai écrit, le 30 mai.292-3

Je crois que vous ne sauriez mieux faire que de représenter l'affaire au susdit ministre sous deux faces, savoir.“ sous celle comme le moyen le plus sûr pour parvenir à une prompte et honorable paix, et après comme le moyen pour faire des agrandissements aux États de Hanovre.292-4 De cette façon-là, je ne doute pas qu'il travaillera de son mieux pour faire goûter au roi d'Angleterre ce que nous désirons à présent, de l'Angleterre avec empressement. J'ose me flatter même qu'à moins que le ministère anglais n'ait, pour ainsi dire, la paix en poche, à quoi il n'y a aucune apparence, il ne se roidira pas contre cette garantie que la Porte demande. Car il ne saurait presque pas manquer que, pourvu que la dernière rompe, nous gagnerons par là la supériorité sur nos ennemis, pour les obliger à une paix avantageuse.

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Pour ce qui regarde nos opérations ici, quand je combine celles de Daun avec celles des Russes, il saurait bien arriver qu'elles traînassent jusques au 12 de ce mois, avant que la campagne s'ouvrît avec vivacité, et quoique je ne sois nullement embarrassé de ma situation présente ici, je ne saurais cependant pas vous mander positivement quelque chose, avant de voir de quelle façon tourneront les évènements; mais soyez assuré que, dès qu'il y aura quelque chose d'important ou qu'il se fera quelque changement qui m'oblige par-ci par-là de faire quelque changement dans mes dispositions présentes, je vous en avertirai sans faute. En attendant, il sera toujours bon que nous ne négligions pas l'affaire relativement aux Turcs, parceque nous ne saurions être assurés des évènements et de ce qui en arrivera; et comme il me paraît que l'Angleterre n'est pas à même de porter des coups assez décisifs sur mer, à moins de la conquête de Quebec, pour obliger la France à la paix, ce sera toujours pour nous autres une grande ressource que la rupture de la Porte, si la guerre continue.

Federic.293-1

Nach der Ausfertigung.



292-3 20. Mai. Vergl. Nr. 10969.

292-4 Vergl. S. 244; Bd. XV, 47. 48; XVI, 348. 349. 377. 398; XVII, 90—92.

293-1 Auf einem Berichte des Ministers von Schlabrendorff, d. d. Breslau 3. Juni, finden sich die Weisungen zur Antwort: „Um Gottes willen! wie kann er doch itzo eine Salzfactur fordern, da man nicht Meister von den Flüssen. Möchte sich doch besinnen und dergleichen Arrangements bis nach dem Frieden aussetzen.“