11111. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN ET AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Knyphausen und Michell berichten, London 8. Juni, über die Antwort der englischen Minister337-1 auf das von preussischer Seite gestellte Ersuchen, England möge die Garantie des mit der Pforte abzuschliessenden Bündnisses übernehmen.337-2

Knyphausen und Michell berichten, London 8. Juni, au Roi seul, dass der Herzog von Newcastle von grosser Eifersucht gegen den Minister Pitt erfüllt sei, „dont l'autorité et l'influence s'étendent journellement à ses dépens par la confiance extrême que la nation a dans ses talents et son intégrité, et par l'ascendant qu'il a pris depuis quelque temps sur l'esprit du Roi. Ces avantages, qui ne sauraient manquer de s'accroître encore par la durée de la guerre, ont donné un si grand ombrage au duc de Newcastle que, connaissant très bien que ce qui les avait procurés au sieur Pitt, était l'activité infatigable avec laquelle il avait poursuivi la guerre, et la confiance qu'on avait placée en lui pour le soutien de ces mêmes mesures, il a prévu que le rétablissement de la paix était seul capable de lui rendre l'influence et le crédit dont il ne saurait manquer de jouir, aussitôt que l'Etat sera dans une assiette tranquille et que l'attention du Roi et de la nation se trouvera fixée sur les intrigues qui concernent l'intérieur du royaume.“

Die Gesandten schildern weiter im einzelnen die unter den englischen Staatsmännern entstandenen Misshelligkeiten und ihre Veranlassung.

„Nous croyons donc avoir lieu d'appréhender que, vu la fermentation dans laquelle se trouvent les esprits, il pourrait se manifester des inconvénients tous également préjudiciables aux intérêts de Votre Majesté, et dont on ne saurait prévenir les effets assez promptement.

„Le premier est que, pour peu que la tournure que prendra la présente campagne soit équivoque, et que le duc de Newcastle puisse trouver moyen de réussir dans ses vues, on ne répande une telle terreur panique parmi la nation, en continuant de l'effaroucher, que le cri de la paix ne devienne général et qu'on n'y coure avec la plus grande précipitation : empressement qui ferait nécessairement perdre à Votre Majesté tous les avantages qu'Elle ne saurait manquer de retirer du poids et de l'influence d'une puissance telle que l'Angleterre, à tous congrès dont l'ouverture se fera avec dignité et sang-froid et d'un commun concert.

„Le second inconvénient que nous appréhendons, n'est pas moins considérable et consiste en ce que, dans le cas où le duc de Newcastle, se trouvant réprimé et contenu par le sieur Pitt, ne pourrait point entraîner la nation dans des mesures de paix forcées et précipitées, qu'il ne réussisse à la fin à faire condescendre le Roi à une négociation séparée et secrète dont les conséquences seraient bien plus dangereuses encore.“

Das Jammern der hannoverschen Minister über das Schicksal der deutschen Länder des Königs Georg, „pour lesquels son attachement extrême est connu“ , sowie die Einmischungsversuche des dänischen Hofes337-3 könnten nach Ansicht der Gesandten zur Aufnahme einer Separatunterhandlung beitragen.

<338>

„Mais quand même on ne se porterait pas ici aux extrémités dont nous venons de faire mention, nous prévoyons de la crise présente des affaires un autre et troisième inconvénient lequel est que, la nation commençant à être découragée et une partie du ministère soupirant pour la paix, il y a toute apparence qu'on ne pourra plus poursuivre la guerre avec la même rigueur avec laquelle le sieur Pitt l'a poussée jusqu'à présent, les obstacles qu'il est obligé de combattre, ne pouvant pas manquer de mettre du retard dans ses opérations.

„Apres avoir mûrement pesé ces différents inconvénients et les moyens dont on pourrait faire usage pour les prévenir, il ne se présente qu'un seul expédient à l'esprit qui puisse efficacement remplir ce but, ce serait que Votre Majesté daignât écrire le plus tôt le mieux une lettre au roi d'Angleterre, pour lui représenter que, n'ayant pas lieu de Se flatter, vu la grande animosité que témoignaient leurs ennemis, qu'on pût parvenir à rompre la ligue qui s'était formée contre eux, et croyant en même temps que la vigueur avec laquelle on en avait repoussé les efforts, devait avoir émoussé l'ardeur de leurs ennemis, Elle pensait que l'attachement qu'ils devaient à leurs sujet? et royaumes respectifs, exigeait d'eux de ne pas s'acharner davantage à la poursuite d'une guerre aussi onéreuse, mais de se prévaloir du premier avantage considérable que l'une ou l'autre des deux cours pourrait remporter pendant le cours de cette campagne, pour déclarer conjointement aux parties belligérantes qu'on était disposé, tant ici qu'à Berlin, à ouvrir un congrès et à se concerter avec elles pour le rétablissement de la paix, au cas qu'elles voulussent s'y prêter et concourir à un but aussi salutaire.

„Une pareille démarche à laquelle nous sommes assurés qu'on se prêterait ici avec plaisir, empêcherait non seulement des ouvertures de paix précipitées et mal digérées, mais elle barrerait aussi le chemin à toute négociation clandestine, en établissant un congrès formel qui s'ouvrirait d'un commun accord avec Votre Majesté, et qui serait, Sire, une preuve manifeste de la continuation de Votre intimité avec l'Angleterre. Toutes les propositions qui seraient faites dans une pareille assemblée, seraient pesées mûrement et résolues dans le conseil du Roi, et le chevalier Pitt, dont la droiture et le zèle pour les intérêts de Votre Majesté se sont manifestés en tant d'occasions, jouerait dans une pareille négociation le rôle que la supériorité de ses talents et la confiance que la nation a placée en lui, doivent nécessairement lui assurer. Mais, indépendamment de ces deux avantages, une pareille mesure obvierait également au troisième inconvénient dont nous avons fait mention ci-dessus, c'est-à-dire que la nation, regardant la paix comme prochaine, porterait le fardeau de la guerre patiemment et sans murmurer, et qu'on rencontrerait les plus grandes facilités pour la levée des fonds nécessaires pour son soutien. Le duc de Newcastle, voyant ses vœux remplis, n'aurait aussi aucun motif pour renouveler son manège et ses intrigues, et il y a apparence qu'il y aurait alors dans le ministère la plus grande unanimité; un pareil évènement disculperait aussi le chevalier Pitt du reproche qu'on lui fait d'être le promoteur de la guerre, et, pour peu que les propositions des cours opposée? fussent déraisonnables et contraires au génie de la nation, elle en deviendrait plus ardente que jamais pour le soutien de la guerre.

„Mais, avant de conclure, nous ne saurions nous dispenser de faire une observation à Votre Majesté, que nous dicte le zèle pour Ses intérêts, qui est qu'il serait très préjudiciable pour Elle de fonder Ses motifs pour l'ouverture d'un congrès sur l'épuisement de Ses États et de Ses finances, et qu'il est très essentiel qu'Elle n'en allègue point d'autres que ceux que nous avons spécifiés ci-dessus, sans quoi Ses ennemis ici ne manqueraient pas de s'en prévaloir pour Vous représenter, Sire, comme un allié onéreux avec lequel il était impossible d'aller en avant, et qui plongerai; cette cour dans une infinité d'embarras. Nous supplions surtout Votre Majesté de ne jamais faire de pareilles insinuations au sieur Mitchell, sans quoi ce ministre qui à Is vérité a des intentions aussi droites qu'on puisse le désirer, mais qui, n'ayant pas la boussole des partis qui se sont formés pendant son absence, pourrait rendre, sans le<339> vouloir, de fort mauvais services à Votre Majesté et nous mettre hors d'état de Lui être de la moindre utilité.

„II ne nous reste plus qu'à ajouter que nous pensons qu'afin d'accélérer ici l'exécution de la proposition que nous venons de faire, Votre Majesté ferait fort bien de S'expliquer dans Sa lettre au roi d'Angleterre sur la manière et l'endroit où Elle voudrait que cette démarche fût mise en œuvre, ou, si Vous ne jugez point à propos. Sire, d'entrer Vous-même dans ce détail, nous Vous supplions de nous faire donner des instructions précises à ce sujet que nous attendons avec la plus grande impatience ...“

Knyphausen fügt dem Bericht das eigenhändige P. S. hinzu:

„Je supplie et conjure Votre Majesté de faire à cette dépêche l'attention la plus sérieuse et de vouloir bien être persuadée que la démarche qui y est proposée est indispensablement nécessaire pour le bien de la cause commune et de Ses intérêts en particulier, et que, si Elle daigne S'y prêter, Elle en retirera les plus grands avantages.“

Quartier général de Hennersdorf, 20 juin 1759.

Le courrier que vous m'avez dépêché avec votre rapport du 8 de ce mois, me l'a bien rendu, et j'ai vu par celui qui regarde ma proposition relativement à la Porte Ottomane faite par vous aux ministres anglais, que je ne [me] suis pas tout-à-fait trompé dans les conjectures que j'ai faites sur le succès de votre négociation sur cet article; car je ne veux plus vous dissimuler à présent que je me suis douté d'avance que les susdits ministres n'entreraient que très difficilement à cette accession ou garantie que le Grand-Vizir avait demandée pour conclure l'alliance avec moi. Comme je ne saurais que prendre de mauvais payeur ce que je peux, j'instruirai mon émissaire, conformément à ce que le sieur Pitt vous a dit, jusqu'où l'Angleterre voudrait entrer en cette affaire et sous quelle condition le sieur Porter serait autorisé à passer une déclaration à la Porte à l'occasion des engagements qu'elle saurait prendre avec moi; mais je ne saurais m'empêcher de vous dire que, selon toutes les apparences, cette négociation sera par là autant que rompue pour cette fois-ci.339-1 Ce que vous dissimulerez cependant au sieur de Pitt, à qui vous ferez plutôt bien des compliments polis sur la façon cordiale et confidente dont il s'était expliqué envers vous à ce sujet, en ajoutant qu'ayant trouvé moi-même bien fondé tout ce qu'il vous avait dit relativement à cette affaire, j'avais instruit mon émissaire à Constantinople,339-2 et qu'il faudrait voir à présent à quoi la Porte s'y déciderait.

Comme j'ai reçu en même temps la dépêche du 8 que vous m'avez faite seul, j'ai été d'abord bien fâché de voir la fermentation qui commence à s'élever en Angleterre et parmi le ministère, par la jalousie qui a pris le duc de Newcastle contre le très digne sieur Pitt; mais comme nous n'y saurions rien changer, il faut bien prendre le mal en patience;<340> je vous sais cependant bien du gré de ce que vous m'en avez tout mandé naturellement et me marqué fidèlement ce que vous sentez des suites qui en pourront arriver.

La première chose que je vous fais observer là-dessus est que vous ne saurez prendre à présent assez d'attention sur ces gens relativement à leurs manèges secrets. Après quoi, je veux bien vous dire qu'ayant pris en considération toutes les circonstances que vous m'avez fait remarquer, j'ai résolu d'écrire de ma main propre la lettre que vous avez désirée au roi d'Angleterre, que je vous adresse ci-close,340-1 afin d'en faire l'usage que vous trouverez convenable; aussi pour votre direction en fais-je joindre la copie.

Au reste, il faut que je vous fasse observer que, malgré que je me suis prêté à ce que vous m'avez proposé, et malgré toute l'envie que le duc de Newcastle saurait avoir de faire précipitamment la paix, il n'en sera rien qu'elle parvienne cette année-ci à sa conclusion. Quand même nous aurions pendant la campagne présente des avantages, je ne me flatte pas qu'on parviendra cette année à une pacification, quelque utile et nécessaire qu'elle saura être à toutes les puissances intéressées; car moralement il n'en saurait arriver autrement, sinon que les évènements de guerre aient, pour ainsi dire, des succès mêlés, savoir que ce qu'on gagne d'un côté, l'on perd de l'autre, par le nombre supérieur de nos ennemis.

Pour revenir encore à ce que vous m'avez proposé, j'y ai consenti d'autant plus aisément, parceque cela m'engage à rien, et parceque je saurais gagner par là qu'au cas que les affaires parviennent à une négociation, je serai au moins toujours partie principale contractante, en sorte que rien ne saura se précipiter, mais que la négociation se fera d'un commun concert et rien ne pourra se faire à mon insu et sans mon influence; article qui doit faire, le cas existant, votre première attention.

Quant à l'endroit que je voudrais que le congrès se fît, il me le sera toujours indifférent, mais naturellement il ne saurait être que dans quelque place en Hollande.

Au surplus, pour ne pas finir, sans vous donner quelque nouvelle d'ici, il paraît, selon toutes les apparences, comme si le maréchal Daun ne voudrait ouvrir sa campagne avant le mois de juillet, ainsi que cela saurait traîner encore.

Federic.

P. S.

Ne soyez point en peine des insinuations que je fais au sieur Mitchell, et soyez persuadé que, sans que vous m'en eussiez fait souvenir, je ne lui aurais jamais parlé dans le ton que vous voudriez que j'évitasse.

Nach dem Concept. Das dort fehlende P. S. nach der Ausfertigung.

<341>

337-1 Vergl. darüber im einzelnen den Cabinetserlass an Rexin vom 21. Juni, Nr. 11 114.

337-2 Vergl. Nr. 10968. 11065.

337-3 Vergl. S. 175; Bd. XVII, 374.407.

339-1 In der gleichen Weise äussert sich der König in einem Schreiben an Finckenstein vom 20. Juni. Eigenhändig ist dem Schreiben zugefügt: „Je crois que notre campagne traînera encore en longueur; Daun. selon mes nouvelles, veut attendre la moisson; mais cela ne nuira guère aux affaires.“

339-2 Vergl. Nr. 11114.

340-1 Vergl. Nr. 11112.