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11932. AU SECRÉTAIRE VON DER HELLEN A LA HAYE.

Freiberg, 21 mars 1760.

J'ai reçu le rapport que vous m'avez fait du 11 de ce mois. Sur lequel je vous dirai qu'autant que je comprends du reste de la conversation entre M. de Yorke et le comte d'Affry, je reviens toujours à mon soupçon que les Français n'ont pas encore sérieusement le dessein de faire la paix, sans quoi ils s'expliqueraient plus précisément par le comte d'Affry. Tout ce qu'ils disent d'une médiation de l'Espagne et de la déclaration de la Russie pour le congrès qu'ils étaient à attendre, ne me paraissent que de chevilles pour nous duper et pour traîner jusqu'à l'ouverture de la campagne, ou dans quelque autre dessein qu'ils voudraient masquer par là. D'ailleurs, peut-on s'imaginer que la déclaration de la Russie sera dans un autre sens que celle que l'Angleterre a eue, il y a plusieurs semaines déjà?

Federic.

Nach dem Concept.


11933. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Freiberg, 21 mars 1760.

Après avoir dépêché ma lettre d'hier à Votre Altesse,1 je viens de recevoir celle que vous m'avez faite du 17 de ce mois, dont je vous sais tout le gré possible par les nouvelles très intéressantes que vous avez bien voulu me communiquer, au sujet desquelles vous pourrez compter sur ma parfaite discrétion.2 Votre Altesse se figurera cependant aisément, combien ces nouvelles m'ont été désagréables, puisqu'elles nous laissent peu d'espérance pour un prompt rétablissement de la paix; mais, comme la cour de France a tant souvent changé de plan et de système depuis un temps de trois ou quatre mois, mon seul espoir est encore que les têtes leur tourneront et qu'ils changeront encore.

La seule bonne nouvelle que je saurais donner d'ici à Votre Altesse, c'est que mon lieutenant-général de Goltz, ayant été détaché du général de Fouqué avec un très petit corps dans la Haute-Silésie, principalement pour y presser les livraisons au magasin de Neisse, m'a rapporté que l'ennemi sous les ordres du général Laudon commençait de s'assembler en force aux frontières de la Haute-Silésie et aux environs de Zuckmantel et de Ziegenhals, sur quoi il eut mes ordres de se replier d'abord sur Neisse, pour n'en être pas coupé.3 Ce que [celui-ci] s'étant mis en devoir d'exécuter, le général Laudon est marché avec un gros corps de cavalerie, de hussards et de croates, pour enlever mondit général à



1 Vergl. Nr. 11927.

2 Aufgefangene Briefe, enthaltend Nachrichten über die Stimmung in Paris und über die Abneigung der Wiener Regierung gegen Friedensunterhandlungen.

3 Vergl. dazu Nr. 11930.