<4>taillons et environ1 70 escadrons, ce qui vous mettra en état de juger si je serai guère en état de faire des détachements et si je puis, en cas que les Russes marchent du côté de la Silésie ou de la Poméranie, leur opposer une armée suffisante.

Ainsi, de quelque façon que la guerre se tourne, si les opérations commencent, je dois m'attendre aux plus horribles catastrophes. Si vous ajoutez à cela qu'étant obligé de resserrer, pendant tout cet hiver, l'armée en cantonnements étroits, je dois m'attendre naturellement à beaucoup de maladies2 et de mortalité, que je ne serai peut-être pas en état de réparer; vous verrez par ceci le tableau ébauché de la cruelle situation dans laquelle je me trouve; il n'y a en tout ceci qu'une seule ressource et qui est encore bien casuelle, ce serait que le Ciel inspirât à M. Daun le dessein de m'attaquer, et c'est [ce] que j'ose à peine espérer, vu sa façon circonspecte et timide d'agir. Je me flatte, j'avoue, que la paix pourrait terminer tout ceci; mais il faudrait encore qu'elle se fît promptement, et je crains la quantité des prétentions différentes, la difficulté d'accorder l'Angleterre et la France et, surtout, les artifices de la cour de Vienne pour traverser les négociations et les rendre inutiles. Mais cela n'empêche pas que la France et l'Angleterre puissent convenir d'une pacification et, comme j'ai dit déjà, que les deux cours impériales ne fussent obligées d'y souscrire.

Il y a plus de quatre semaines que nous n'avons pas eu mot de l'Angleterre, à cause que les vents ont été contraires, mais je suppose que les Français et les Russes doivent avoir fait déjà quelques propositions à Londres.3

Je laisse à votre prudence et à votre sagesse de faire l'usage que vous croirez convenable à l'intérêt de la Prusse, des choses que je vous ai marquées relativement à ma situation, et je ne doute point que l'on ne s'aperçoive bientôt à Londres jusqu'à quel point l'on pourra fonder ses espérances sur une paix prochaine. Je laisse à votre pénétration encore si, au cas qu'on ne pût pas d'abord conclure la paix, l'on ne pourrait pas parvenir à un armistice, pour procurer aux négociateurs le temps d'achever l'ouvrage. Je sens toutes les difficultés et inconvénients des susdites propositions; mais les choses sont trop sérieuses et la situation des affaires trop violente qu'il faut recourir à tous les moyens qui pourront les rendre supportables.

J'attends le rapport que vous me ferez sur tout ceci.

Federic.

Nach dem Concept.



1 An Prinz Ferdinand folgt: „avec les hussards“ .

2 Die folgende Stelle bis „réparer“ fehlt in dem Schreiben an Prinz Ferdinand.

3 Zur Beantwortung der Declaration von Ryswyk. Vergl. Bd. XVIII, 762.