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12293. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Quartier de Leubnitz, 29 juillet 1760.

Les deux lettres que vous m'avez faites du 26 de ce mois, m'ont été bien rendues; je vous envoie, à la suite de celle-ci, les copies des nouvelles que j'ai du 22 et du 23 du ministre de Schlabrendorff, par où vous verrez à peu près ce qui se passe en Silésie, et ce que l'on y sait des desseins des Russes et de Laudon.1

J'ai vu avec douleur par vos lettres ci-dessus accusées que vous vous représentez toutes les choses du plus mauvais côté : je vous prie au nom de Dieu, mon très cher frère, de ne point vous les figurer du côté le plus noir et le plus mauvais, pour ne point jeter votre esprit dans une indécision et une incertitude, mais de prendre plutôt un parti tel que vous voudrez — ce qu'il faut bien que je vous abandonne entièrement —, mais, quand vous aurez pris un parti, quel qu'il soit, d'y rester ferme et de le mettre en exécution avec vigueur et sans plus balancer. Vous conviendrez que Breslau est plus important que Glogau, et qu'il faut voir où se trouve la nécessité la plus pressante; et là où l'ennemi songe de frapper ses plus grands coups, c'est là où il faut avoir la plus grande attention, et où il faut prendre les plus promptes et les plus grandes précautions, pour faire échouer les projets des ennemis.

Je marcherai ce soir d'ici, pour mettre mon camp derrière Kesselsdorf, pour continuer ma marche ensuite, et pour passer le 31 la rivière près de Meissen; je verrai alors ce qu'il y aura à faire contre Daun, et jusqu'où je saurai mener mes entreprises. Dans les présentes occasions très critiques, je vous conjure encore une fois au nom de Dieu de ne pas rester dans l'incertitude, mais de prendre votre résolution et d'y rester ferme : les affaires sont dans une telle situation qu'il vaut mieux de prendre une mauvaise résolution que de n'en prendre aucune.

Vous ne sauriez être embarrassé de vos provisions nécessaires; vous savez qu'il y a un grand magasin à Glogau, et, quand vous arriverez



1 Schlabrendorff hatte, Breslau 22. Juli, gemeldet: „Laudon soll schon bis 4000 Mann Infanterie und Kavallerie bei Leubus übergesetzt haben; es heisset, dass er das Hauptquartier heute bei Parchwitz verlegen wolle. Es wird sich also bald zeigen, ob seine Intention sei, Glogau oder Breslau zu bloquiren, sich mit denen Russen zu combiniren, oder nur das Land jenseit der Oder ebenfalls in Contribution zu setzen und die Communication mit Ew. Königl. Majestät und des Prinzen Heinrich Königl. Hoheit abzuschneiden. Das Laudonsche Corps kann so sehr stark nicht sein, als es sich wohl ausgiebet, und halte ich es kaum 20000 Mann.“ — Am 23. Juli berichtete der Minister, ein gefangener österreichischer Rittmeister versichere, „dass Laudon sich mit denen Russen conjungiren werde; . . . Daun und Laudon wären grosse Feinde, und darum hätte es Daun dahin gebracht, dass derselbe wieder zu den Russen müsse. Die Absicht wäre, woferne des Prinzen Heinrich Königl. Hoheit nicht zur Bataille zu bringen, Breslau zu occupiren.“ Schlabrendorff hatte einen Bericht d. d. Wartenberg 22. Juli mit übersandt, wonach die Russen bei Kaiisch noch kein Magazin angelegt hatten; in der Gegend von Kaiisch befanden sich noch keine regulären Truppen, sondern nur Kosacken und Husaren.