<97> faut beaucoup que ce soit avec la même exactitude que le baron Münchhausen soit instruit de ce qui se passe en France. Pour vous en convaincre aussi, voilà à la suite de cette lettre deux copies de quelques avis secrets que j'ai eus en dernier lieu par quelque très bon canal de France,1 mais au sujet desquels je vous ordonne le dernier secret, jusques à n'en parler, ni à en laisser voir la moindre chose à âme qui vive, ni même à vos plus intimes. La moindre indiscrétion me ruinerait le canal d'où je tire ces avis, sans savoir jamais le rétablir, et ferait, d'ailleurs, des malheureux.

Quant au voyage de Magdeburg,2 vous saurez suivre incessamment la cour, dès qu'elle y ira, au temps que j'ai fixé pour le départ. Vous pourrez, d'ailleurs, faire devancer insensiblement et peu à peu, sans aucun éclat, ce que vous voudrez faire envoyer en sûreté à Magdeburg des papiers, des documents et autres choses de conséquence. Votre plus long séjour à Berlin n'est pas absolument nécessaire, et toute la différence pour la correspondance entre nous ne sera que de 18 lieues, au lieu que les lettres d'Angleterre, de La Haye et de Hamburg vous parviendront quasi plus tôt. Pour les élèves du Département et les commis et les clercs de la chancellerie, dont vous n'avez pas absolument besoin, il ne sera pas nécessaire que toute cette cohue, et qui fait ordinairement le plus grand éclat, vous suive d'abord. Ma volonté est même que tous les ministres du directoire-général avec tout ce qui leur est subordonné, de même que les autres ministres des différents départements, restent encore à Berlin, et ne vous suivent à Magdeburg que quand un dérangement selon les circonstances rendra leur départ indispensable. Voilà de quelle façon vous pourrez tout arranger avec le moins d'éclat qu'il sera possible.

Federic.

Nach der Ausfertigung.

Il y a de grandes intrigues à la cour depuis trois à quatre jours. Le vieux Maréchal,3 le maréchal prince de Soubise, M. de Puyzieulx et plusieurs membres du Conseil ont fait les plus fortes instances pour engager le Roi à donner les mains à la paix.

Pendant ce temps, le duc de Choiseul et ses partisans ont fait jouer tous les ressorts possibles pour parer ce coup; mais le Conseil s'étant assemblé, après de longues et sérieuses délibérations, il a été résolu d'envoyer un courrier au comte de Choiseul, pour qu'il ait à représenter à la cour de Vienne que le Roi est absolument déterminé à donner les mains à la paix, et qu'il faut que Sa Majesté Impériale et Royale se détermine à renoncer à ses prétentions et à nommer des plénipotentiaires pour le congrès. Le duc de Choiseul est tout déconcerté depuis ce moment. Comme il fut hier plus d'une heure et demie avec le Roi, on ne sait pas au juste ce qui s'est passé dans cet entretien; mais quelque crédit qu'il ait, on est persuadé qu'il ne fera pas changer Sa Majesté, à moins que la Marquise n'intervienne. Bien des gens



1 Die Beilagen waren vom Prinzen Ferdinand von Braunschweig eingesandt worden (vergl. Nr. 11826). — Die erste Beilage ist ein (nicht datirtes) Schreiben Rouilles (vergl. S. 67), die zweite ein Bericht des Grafen Choiseul in Wien.

2 Vergl. S. 93.

3 Belle-Isle. Vergl. S. 89.