11933. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Freiberg, 21 mars 1760.

Après avoir dépêché ma lettre d'hier à Votre Altesse,188-1 je viens de recevoir celle que vous m'avez faite du 17 de ce mois, dont je vous sais tout le gré possible par les nouvelles très intéressantes que vous avez bien voulu me communiquer, au sujet desquelles vous pourrez compter sur ma parfaite discrétion.188-2 Votre Altesse se figurera cependant aisément, combien ces nouvelles m'ont été désagréables, puisqu'elles nous laissent peu d'espérance pour un prompt rétablissement de la paix; mais, comme la cour de France a tant souvent changé de plan et de système depuis un temps de trois ou quatre mois, mon seul espoir est encore que les têtes leur tourneront et qu'ils changeront encore.

La seule bonne nouvelle que je saurais donner d'ici à Votre Altesse, c'est que mon lieutenant-général de Goltz, ayant été détaché du général de Fouqué avec un très petit corps dans la Haute-Silésie, principalement pour y presser les livraisons au magasin de Neisse, m'a rapporté que l'ennemi sous les ordres du général Laudon commençait de s'assembler en force aux frontières de la Haute-Silésie et aux environs de Zuckmantel et de Ziegenhals, sur quoi il eut mes ordres de se replier d'abord sur Neisse, pour n'en être pas coupé.188-3 Ce que [celui-ci] s'étant mis en devoir d'exécuter, le général Laudon est marché avec un gros corps de cavalerie, de hussards et de croates, pour enlever mondit général à<189> Neustadt; en quoi il a cependant bien manqué son coup, le général Goltz s'étant défendu avec sa petite troupe aussi valeureusement contre tout ce monde de Laudon que, malgré des fréquentes attaques réitérées, il a été obligé de rebrousser chemin, après une perte à 500 hommes, et laisser continuer tranquillement la marche du général Goltz vers Steinau et de là à Neisse, sans avoir plus perdu qu'environ 150 hommes en morts et blessés et pris, avec quelques chariots de fourrage.

Au reste, il faut bien que je vous remette sur tout ce que ma lettre d'hier comprend, sur quoi je vous prie de faire une réflexion très sérieuse, d'autant plus que je vous n'y dis rien au delà [de] ce qui est la vérité la plus exacte.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin.



188-1 Vergl. Nr. 11927.

188-2 Aufgefangene Briefe, enthaltend Nachrichten über die Stimmung in Paris und über die Abneigung der Wiener Regierung gegen Friedensunterhandlungen.

188-3 Vergl. dazu Nr. 11930.