12148. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

Au camp de Meissen, 9 juin 1760.

J'ai reçu aujourd'hui matin la lettre du 6 que vous m'avez faite. J'ai écrit justement dans le même sens au général Fouqué sur la démarche qu'il a prétendu faire,402-2 que vous vous en êtes expliqué dans votre lettre, et j'ai marqué à Fouqué que son dessein était tout-à-fait précipité et prématuré à tous égards. Il faut à Laudon trois marches pour arriver à Breslau, au lieu que Fouqué, là où il campe, n'en a que deux, et, par conséquent, certainement une marche d'avance.

Ce que vous me dites du mauvais train des affaires en Poméranie, c'est que j'ignore absolument, n'ayant point eu de nouvelles de ce payslà, hormis ce que vous m'en avez écrit en dernier lieu.

Je prépare à présent tous mes arrangements pour passer l'Elbe le 15 de ce mois. Les mauvaises circonstances où nous sommes tous actuellement, demandent, tant de mon côté que du vôtre, que nous<403> nous battions avec un des ennemis vis-à-vis de nous, afin d'empêcher l'autre de faire plus de progrès. Si le Ciel bénit ces entreprises, nous avons de l'espérance de sortir de notre mauvais état, ainsi qu'il ne nous reste aucun autre moyen que de travailler à nous défaire de l'un des ennemis, pour écarter l'autre. S'il y a moyen que vous entamiez celui de Posen, même préférablement à celui de Colberg, ce serait une très bonne affaire. Vous conviendrez donc sur tout ceci que l'on se trouve dans une telle situation où l'on est forcé d'entreprendre une affaire décisive, bon gré mal gré qu'on en ait, et d'abandonner le reste au hasard.

Au surplus, dès que je verrai la tournure que les choses prendront ici, je n'aurai rien de plus pressé que de vous en avertir, à moins que l'ennemi ne nous coupe, comme autrefois, toute communication par ses troupes légères et de pareille vermine.

Federic.

Nach der Ausfertigung.



402-2 Vergl. Nr. 12143.