12327. AU PRINCE HENRI DE PRUSSE.

[Août 1760.]

Mon cher Frère. Vous envisagez très bien ma situation;557-2 elle est moins cruelle qu'elle n'était huit [jours],557-3 mais elle est au fond bien hasardée. Je dois cependant vous dire que je vous ai donné hier une fausse nouvelle :557-4 Beck n'est point à Neumarkt, il n'y a là qu'un détachement de 150 chevaux, que je ferai chasser demain. J'ai envoyé 1 bataillon et 800 chevaux à Auras,557-5 et je vous réponds, mon cher frère, qu'aucun corps ne passera l'Oder à ma barbe. Il n'en est pas de même des partis de hussards, qui peuvent passer l'Oder à gué, ce que je ne saurais leur empêcher.

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Vous verrez en peu de jours à quoi se détermineront les Russes. On nous dit ici qu'ils manquent de vivres; je vous prie de voir si vous ne pourrez pas les resserrer et les chasser par la faim : il faut employer dans cette occasion toute sorte d'armes pour nous tirer d'embarras. Je comprends cependant bien que ce que je vous propose, est presque impossible, vu la supériorité de l'ennemi en troupes légères; enfin, je m'en repose bien sur vous, et je suis très persuadé que vous ferez tout ce qui dépendra de vous pour nous délivrer de ces barbares. Ayons patience et voyons comment tout ceci se tournera; il nous faut encore beaucoup de fortune, et je vous avoue que je me défie prodigieusement de mon étoile.

Je vous embrasse de tout mon cœur en vous assurant de la tendresse infinie avec laquelle je suis, mon cher frère, votre fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



557-2 Das obige bildet die Antwort auf das Schreiben des Prinzen, d. d. Trebnitz 21. August. Vergl. dasselbe bei Schöning, a. a. O. S. 391.

557-3 Vorlage: huit 8.

557-4 Ein Schreiben des Königs mit dieser Nachricht liegt nicht vor.

557-5 Vergl. S. 556.