<192>

883. AU MARÉCHAL DE FRANCE COMTE DE BROGLIE A PISEK.

Camp de Maleschau, 9 juin 1742.

Monsieur. Je viens de recevoir votre lettre du 8 de ce mois, par laquelle j'ai vu ce qui s'est passé de votre part, et les raisons que vous avez eus pour vous replier jusqu'à Pisek. J'en suis bien fâché, mais j'espère néanmoins que vous serez en état de soutenir là votre poste, contre les efforts qu'il paraît que l'ennemi tâche de faire de ce côté-là contre les troupes sous vos ordres. J'attendrai encore une lettre de vous, par laquelle vous m'avertirez de l'état où vous vous trouvez dans la position où vous êtes, et s'il y a quelque chose à craindre pour la ville de Prague, auquel cas je m'en approcherai pour la défendre contre ce que l'ennemi voulait entreprendre là-dessus. La proposition que vous me faites de marcher à Budweis, serait très bonne, si mon armée, en y marchant, pouvait trouver de la subsistance, et si je ne devais absolument m'éloigner par là de tous mes magasins, dont il faut que mon armée vive. Vous considérez donc vous-même qu'avant six semaines, c'est-àdire qu'avant que les herbes ne soient venues, il m'est impossible de marcher sur Budweis, quelle bonne volonté que je puisse avoir pour y marcher. J'attends au plus tôt possible de vos nouvelles, dont j'espère qu'elles seront heureuses, et je suis avec toute l'estime imaginable, Monsieur, votre très affectionné

Federic.

Nacb Abschrift der Cabinetskanzleï.


884. A L'EMPEREUR DES ROMAINS A FRANCFORT SUR-LE-MAIN.

Camp de Kuttenberg, 10 juin 1742.

Monsieur mon Frère et Cousin. J'aurais souhaité d'être si utile à Votre Majesté Impériale qu'il ne Lui restât plus rien à désirer, mais j'ai le chagrin de Lui apprendre que M. de Broglie, n'ayant pas poussé le prince Lobkowitz comme il le devait, lui a laissé le temps de se retirer à Budweis; que n'ayant pas pu suivre de mon côté le prince Charles, faute de subsistance, ces deux armées se sont jointes, ont passé la Moldau, et ont obligé Broglie de se retirer à Beraun. Je marcherai vers Prague pour soutenir cette capitale. Votre Majesté Impériale voit bien que, par ce coup, voilà bien des projets de dérangés; je ne sais ce qui en sera, mais les Français s'y prennent de travers de tous les côtés.

Je suis bien mortifié de dire à Votre Majesté Impériale des nouvelles aussi désagréables, mais ce sont-là les suites des lenteurs de la cour de Paris, et de l'absence des généraux de leurs armées.