<326> alliés de la France.1 Il s'en faut beaucoup que cette déclaration soit aussi bonne que celle que la France avait fait faire en Suède, et j'aurais bien souhaité que cette grande affaire de la pacification eût été traitée principalement entre les cours de Londres et de Versailles, ce qui aurait bien mieux valu et épargné beaucoup de difficultés épineuses et des longueurs inséparables d'un congrès. Avec cela, il faut toujours mieux que cette affaire soit commencée que si elle fût restée dans cette incertitude que par le passé.

Le grand article sur lequel vous aurez à travailler avec mes gens en Angleterre à présent, c'est que l'Angleterre ne décide rien avec la France à mon exclusion, et que, si les ministres anglais font un armistice avec la France, que cela soit avec mon inclusion. Mais ce qui vaudra mieux encore, c'est que l'Angleterre insiste, préférablement à tout, sur une suspension d'armes générale, tout comme sur le status quo, qui sera d'autant plus indispensablement nécessaire que, sans cet armistice général, toutes les négociations au congrès n'auront jamais des objets fixes, vu que les évènements journaliers de la guerre les changeraient du jour au lendemain, selon le train que les opérations de la campagne prendraient.

Je ne saurais point goûter la proposition que vous me faites de nommer mon plénipotentiaire au congrès le baron de Knyphausen. Vous conviendrez que, nonobstant qu'on négociera au congrès, ce sera toujours à Londres où les affaires pour convenir de la paix générale seront principalement préparées et dirigées, de concert avec la cour de France. Voilà pourquoi il faut indispensablement que le sieur de Knyphausen reste là sur son poste par toute la suite des affaires dont il est en train, et par la confiance qu'il s'est gagnée des ministres et surtout du sieur Pitt. Quelque zèle et bonnes intentions que le sieur Michell ait marqués dans toutes les occasions, il n'est cependant pas assez au fait des affaires d'Allemagne et des constitutions, pour suffire seul à cela dans ces moments très critiques. De sorte donc que je ne saurais nommer autre à présent que le sieur de Hæseler, jusqu'à ce que je voie quel train prendront les négociations au congrès, si cela ne sera que pour amuser le tapis, ou si l'on y traitera sérieusement les affaires, et, dans ce dernier cas, je ne saurais me dispenser de vous y envoyer vous-même et de vous confier là mes intérêts. Après que j'ai songé ultérieurement au choix des deux plénipotentiaires à nommer de ma part au congrès proposé, je viens de me déterminer sur le baron de Plotho, ministre à présent accrédité à la Diète de Ratisbonne, qui fera les fonctions de premier plénipotentiaire, et pour second le conseiller privé d'ambassade de Hæseler. J'en fais avertir le baron de Knyphausen, pour les nommer de ma part au ministère anglais. Le premier de ces plénipotentiaires aura en appointements la somme de 12000 écus, et cela pour un temps



1 Vergl. Nr. 12809.