<570> mouvements du côté du pays de Magdeburg, le prince Ferdinand s'y opposerait nécessairement, parceque le dessein des Français est de prendre premièrement Hanovre, ensuite Brunswick et, après cela, Magdeburg,1 ainsi que je crois que vous saurez vous tranquilliser sur ce projet, et je parierais presque que les Français et les Anglais conviendront d'une suspension d'armes vers le1er d'août.

Pour vous mettre au fait des affaires de Poméranie, vous saurez que le prince Eugène de Württemberg et le général Werner croient qu'il leur serait convenable d'attaquer Rumänzow dans la position où il se trouve actuellement. J'y ai consenti d'autant plus volontiers2 que les affaires ont entièrement changé en Silésie. Le prince de Württemberg a présentement 18 bataillons et 25 escadrons, il se trouve, à peu de chose près, aussi fort que les Russes; ainsi il faut voir quel évènement cela produira. S'il ne réussit point, il a ses retranchements, dans lesquels il peut se retirer et où il pourra très bien se défendre. S'il réussit, il n'a qu'à envoyer suivre 1 régiment de hussards pour se défaire des Russes, et il pourra même porter du secours dans les endroits où il pourra être nécessaire.

Pour que vous vous fassiez une idée bien juste et vraie de ma situation, il est bon que vous sachiez que l'armée de Laudon est forte de 66000 hommes; celle des Russes, y compris les troupes légères, en font 54000 : ce qui fait ensemble 1100003 hommes. Mon armée et le corps de Zieten ne font que 59000 combattants. Le projet de l'ennemi est de se joindre dans la Haute-Silésie. Les Russes veulent passer l'Oder à Oppeln, Laudon veut marcher à Neustadt pour se joindre à eux. n faut que je m'oppose à cette jonction, parceque je ne suis pas en force de résister à tous deux. Je me prépare donc de combattre Laudon en chemin avec toutes mes forces. Si je le bats, les Russes [s']enfuieront, et je serai en état de faire changer tout l'état de la guerre et de vous donner, par conséquent, des secours prompts et efficaces; de quoi je ne manquerai pas de vous informer après les évènements.

Il y a donc bien du casuel dans toute notre situation, et il faudra attendre l'issue de ces évènements pour juger des suites. Si, cependant, contre mon attente, nos ennemis changeassent leurs desseins et qu'ils abandonnassent le projet de se joindre, je ne donnerai encore rien au hasard qu'à bonnes enseignes. Vous voyez, cependant, par tout ce que je viens de vous dire, que je ne suis point en état de détacher un seul homme, avant que quelque évènement favorable ne m'en fournisse les moyens.

Je vous remercie, d'ailleurs, de toutes les peines que vous vous donnez pour prévenir tous les projets de l'ennemi en Saxe; c'est certainement le plus grand service que vous pouvez rendre à l'État dans la situation présente, et je me flatte encore que la Fortune ne nous



1 Vergl. Nr. 13061. 13063. 13099.

2 Vergl. Nr. 13064.

3 So.