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Strehlen, 7 août1 1761.

Les dépêches que vous m'avez faites du 21 et du 25 de juillet, me sont heureusement parvenues, et je vous sais tout le gré possible des particularités intéressantes dont vous m'avez informé.. Quoique je sois actuellement bien affairé, étant au milieu de mes opérations militaires contre les Russes et Autrichiens ici, de sorte que je n'ai pas le temps de vous mander en détail ma situation présente ici, j'ai, cependant, voulu vous marquer en gros que mes affaires ici sont jusqu'à présent sur un bon pied, ainsi qu'elles me font bien espérer pour le reste de la campagne présente. Je me réserve de vous en faire informer des détails par mon ministre de Finckenstein.

Par toutes les particularités que vous venez de m'apprendre, il me paraît que la paix entre l'Angleterre et la France ne viendra pas encore à sa consistance, au moins pendant cette campagne, et qu'il faudra soutenir celle-ci jusqu'au bout.

Je suis tout-à-fait indigné des mauvaises procédures dont la cour de Versailles a agi envers celle de Londres, mais ce que je ne saurais assez admirer ni applaudir, c'est la fermeté avec laquelle les ministres anglais se sont conduits dans cette occasion, et la façon noble et énergique avec laquelle ils ont répondu aux Français et au ministre de Russie. Je suis véritablement touché et pénétré des témoignages éclatants qu'ils m'ont donnés dans cette conjoncture de leur bonne foi et de leur sincérité. Empressez-vous de leur faire des compliments en termes des plus polis et des plus onctueux de ma part, pour les assurer de ma parfaite reconnaissance, tout comme de la part sincère que je prenais aux succès heureux des armes de l'Angleterre, tant aux Deux Indes2 que dans l'Allemagne et ailleurs, et [à] ces glorieux évènements pour elle. Assurez-leur, d'ailleurs, que je n'avais jamais douté de leurs bonnes intentions et bien moins encore de leur bonne foi à mon égard;



1 In der Ausfertigung vom 8. August datirt.

2 Die Gesandten hatten, London 21. Juli, berichtet, dass die Nachrichten von der Einnahme von Pondichery (am 15. Januar) und der Eroberung von Dominica (6. Juni) in London eingetroffen seien. — An Mitchell schreibt der König am 8. August: „La lettre que vous m'avez écrite du 30 de juillet dernier, m'a comblé de joie, par les succès favorables dans les Deux Indes et les différents autres avantages que la couronne de la Grande-Bretagne a eus contre nos ennemis communs. J'y prends plus de part que qui [que] ce soit, et je souhaite passionnément de voir que les vœux que je forme pour les succès ultérieurs de la bonne cause, s'accomplissent dans toute leur étendue. Je suis bien aise à cette occasion de vous témoigner, Monsieur, la parfaite reconnaissance que je vous ai de l'empressement que vous mettez à me rendre participant de ces grands et signalés avantages. Je dois toutefois regretter qu'au moment de l'avis que vous en avez reçu, vous vous soyez trouvé incommodé d'un accès de fièvre, dont vous faites mention. Vous connaissez l'estime personnelle que j'ai pour vous, et vous en serez d'autant mieux persuadé de la sincérité avec laquelle je souhaite votre prompt et entier rétablissement, et il me sera agréable au delà de l'expression d'en être informé en peu de votre part.“ [London. British Museum.]