<149>

J'ai appris avec plaisir tout ce que le sieur de Chavigny vous a dit d'obligeant sur le consentement que je vous ai donné de signer l'article séparé touchant l'invitation à faire à la France d'accèder au recez. On ne saurait plus approuver que je le fais, les deux articles que vous lui avez recommandés avant que de signer,1 et j'ai trop de bonne opinion dudit sieur de Chavigny pourque je dusse douter qu'il n'en ferait un bon usage.

Quant à la communication à faire du recez tant aux cours de Bonn et de Saxe qu'à celle de Vienne, je crois qu'avant que le terme de ratification et d'échange de ce recez sera passé, les parties contractantes auront assez de temps pour se concerter au sujet de ladite communication; je suis cependant du sentiment qu'il est de la prudence de n'en rien communiquer ni à la cour de Bonn ni à la Saxe, ni à qui que ce soit, mais de continuer plutôt à garder le secret jusque vers le milieu ou plutôt vers la fin de juillet. Comme le temps s'approche alors où je commencerai à me remuer pour faire la levée de boucliers, je suis d'opinion que cela fera bien plus d'impression aux cours de Bonn et de Saxe que si l'on leur communique le recez avant qu'on leur puisse faire voir le ton qu'on est prêt de donner à cette négociation; après quoi l'invitation de la France pourra suivre. Il sera surtout nécessaire d'attendre ce temps-là pour faire la communication du recez à la cour de Vienne; car de le vouloir faire plutôt, ce ne serait autre chose que de vouloir avertir cette cour-là d'être en garde et de se précautionner contre les mesures qu'on voudra prendre contre elle. Vous ne manquerez pas de vous expliquer là-dessus avec l'Empereur et avec le sieur de Chavigny et me mander alors leur sentiment là-dessus. H serait superflu de vous avertir que vous ne deviez rien faire entrevoir aux autres parties contractantes du dessein que je médite d'agir avec mes troupes, et je me remets à ce sujet sur votre prudence et savoir-faire.

Touchant mon traité secret à faire avec l'Empereur sous la garantie de la France, je suis content du projet que vous en avez couché avec le sieur de Chavigny, le trouvant en tout conforme à mes ordres; aussi n'ai-je fait que d'ajouter dans l'article second2 quelques mots d'ex-



1 Klinggräffen berichtet, 23. Mai : „Je n'ai pas oublié de lui faire les insinuations, conformément aux ordres de Votre Majesté (vergl. oben S. 138), et je les lui répéterai encore une fois, avant que de signer, 1° de lui recommander un secret inviolable sur cette accession; 2° que la signature de Votre Majesté pour l'accession de la France ne prendrait sa véritable force que par les opérations vigoureuses par où la France devrait, ainsi qu'elle l'a promis, donner le ton à l'Union confédérale.“

2 Article 2: „Sa Majesté Impériale, touchée de la plus vive reconnaissance, cède à cette condition (gegen die im Artikel 1 von Preussen übemommene Verpflichtung, Böhmen für den Kaiser zu erobern) dès à présent à Sa Majesté Prussienne, [en pleine souveraineté et sans aucune dépendance ni de la couronne de Bohême ni de l'Empire, sous quelque prétexte que ce puisse être]. rrévocablement et à perpétuité, pour elle, ses successeurs, ses héritiers à l'infini, de la manière la plus forte, la plus solennelle et la plus authentique, les droits qui lui appartiennent sur le reste de la Haute-Silésie autrichienne [les enclavures de la Moravie y comprises], en outre [de la même manière% %et en pleine souveraineté, sans aucune dépendance ni de la couronne de Bohême ni de l'Empire, sous quelque prétexte que ce puisse être]. a partie de la Bohême savoir: le cercle de Königgràtz sans aucune exception, la ville de Kolin [avec ses appartenances]. a seigneurie et la ville de Pardubitz, les cercles de Bunzlau et de Leitmeritz selon le cours de l'Elbe, en sorte que ce qui est situé sur la rive de l'Elbe en dedans de la Bohême du cercle de Leitmeritz restera à Sa Majesté Impériale.“ Die in eckigen Klammern eingeschlossenen Worte sind die von dem Könige gewünschten Zusätze.