1423. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A MOSCOU.

Potsdam, 7 mai 1744

Vos relations en date du 13 et du 19 de ce mois me sont bien parvenues. La déclaration que le vice-chancelier Bestushew a été obligé de vous faire de la part de sa Souveraine, tant sur l'agrément que celle-ci donne pour la conclusion d'une alliance entre l'Empereur Romain et le roi de Pologne, que sur le concert dont l'Impératrice veut aller avec moi dans l'affaire du marquis de Botta, de même que sur l'insinuation qu'elle veut bien faire à la cour de Pologne, pour que celle-ci vive en bonne harmonie avec moi, m'a fait beaucoup de plaisir. Je crains néanmoins que, tant que le vice-chancelier Bestushew gardera la direction des affaires et que Keyserlingk sera continué dans son poste à Dresde, il n'y ait rien de solide et de bon à espérer de toutes ces assurances et que les ordres que Bestushew en expédiera à Keyserlingk, seront si mous qu'on n'en tirera aucun fruit.

En attendant, j'ai fait instruire mon ministre à Dresde, le comte de Beess, de tout ce que Bestushew vous a déclaré de la part de l'Impératrice par rapport à la Saxe, pour veiller avec attention sur les ordres que ledit Bestushew en aura expédiés à Keyserlingk et de quelle façon celui-ci s'en expliquera vers le ministère de Saxe, dont je ne manquerai pas de vous avertir à son temps. Je crois pourtant qu'il ne serait pas mal fait si vous faisiez entendre à Bestushew, lorsque vous aurez l'occasion de vous entretenir avec lui, que la nouvelle que vous m'aviez donnée sur la déclaration susdite m'avait été si agréable que je n'avais pu me dispenser d'en instruire dès aussitôt mon ministre à Dresde. Les assurances très obligeantes et positives que l'Impératrice a données <121>qu'elle ne mettrait point obstacle à certaine grande affaire que je médite, de même qu'elle donnera volontiers les mains à une triple alliance entre elle, moi et la Suède, m'ont charmé, mais quand je pense que nonobstant toute la bonne volonté de l'Impératrice le vice chancelier Bestushew trouvera toujours des moyens de l'éluder, c'est alors toujours le refrain qu'aussi longtemps que celui-ci est en place, il n'y a nul salut à faire avec la Russie, Il me tarde extrêmement d'avoir vos nouvelles de ce qui s'est passé à ce sujet à la célébration de la paix, et s'il est possible qu'un ministre si indigne aura pu se soutenir, après tant de trahisons qu'il a faites à sa Souveraine.

Comme mes ministres du département des affaires étrangères vous instruiront sur les desseins dangereux que la cour de Dresde veut faire faire réussir à la prochaine diète en Pologne, touchant l'augmentation de l'armée de la République, de même que d'accorder plus d'autorité au roi de Pologne et de prendre quelques mesures touchant la succession au trône, comme aussi de renouveler une ancienne alliance entre la maison d'Autriche, la Pologne et la Russie, vous ne manquerez pas d'apporter toute l'attention possible sur ce que la cour de Russie pense sur ces sujets; et aussitôt que Bestushew sera culbuté, un des vos premiers soins doit être de disposer la cour de Russie pour qu'elle fasse rompre cette diète, et d'empêcher sérieusement que des propos si nuisibles tant aux intérêts de la Russie qu'aux miens ne puissent jamais parvenir à quelque consistance.

Je vous adresse ci-clos une lettre de ma main propre à la princessemère d'Anhalt-Zerbst121-1 que vous ne manquerez pas de lui présenter, à la première occasion, avec un compliment convenable. Vous n'oublierez pas de témoigner ma reconnaissance, là où il faut, de ce qu'on me veut envoyer des gens qui savent la préparation du Pumbleder, et j'approuve fort que vous ne fassiez point le difficile sur les conditions qu'on réglera là-dessus.

Federic.

Nach dem Concept.



121-1 Eichel bemerkt, dass von diesem Brief, „weil das Schreiben versiegelt, keine Abschrift ad acta gekommen.“ Im Herzogl. Archiv zu Zerbst sind ausser den Originalen der Briefe vom 6. und 10. Januar (oben Nr. 1304 u. 1310) keine Briefe des Königs an die Fürstin aus dem Jahre 1744 vorhanden.