1920. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A LILLE.

Camp de Russek, 17 juillet 1745.

J'ai reçu la relation que vous m'avez faite le 2 de ce mois. L'affaire sur laquelle vous devez présentement insister le plus, est celle des subsides; aussi tâcherez-vous par tous les moyens possibles et convenables de la finir au plus tôt possible. Comme vous êtes assez instruit tant sur la somme des subsides que je demande que sur les termes à me les payer, je n'ai rien à ajouter, sinon que vous devez insinuer aux ministres, et surtout au comte d'Argenson, que les ravages que les Autrichiens avaient faits cet hiver en Silésie, et l'invasion des Saxons m'avaient fait perdre plus de deux millions d'écus de revenus, que j'avais été obligé d'y ajouter plus de deux autres millions d'extraordinaire; que la France, et surtout M. le comte d'Argenson, devait savoir ce que c'est que la dépense de la guerre, et que j'en étais à présent à ma quatrième campagne; que les revenus de la Silésie m'avaient mis, à la vérité, à mon aise, mais que le grand nombre de troupes que j'étais obligé d'y entretenir, absorbaient tous ces revenusla; qu'on devrait être persuadé en France que je n'aimais point d'être a charge à mes alliés, si dans le cas présent des besoins très pressants ne me forçaient, pour ainsi dire, de faire une démarche qui est contre ma façon de penser et contre mon goût.

Quant aux inquiétudes qu'on a tâché à donner aux ministres, par les bruits qu'on a semés comme si je travaillais à ma paix particulière avec la reine de Hongrie, vous direz au comte d'Argenson que la France pouvait être tranquille sur les soupçons de négociations avec nos ennemis; que le roi de France était informé de tout ce que j'avais fait négocier à Londres, mais que, pour en ôter tout sujet de soupçon, J avais déjà expédié des ordres pour rappeler mon ministre d'Angleterre. Vous ajouterez à tout cela que, pour montrer ma bonne volonté à la<220> France, j'avais encore une fois offert au roi de Pologne ma voix pour la dignité impériale, et qu'en cas que celui-ci refusât cette dignité, ce que je ne croyais pourtant pas si le prince de Conty avait la supériorité en Allemagne, il faudrait opter alors, ou de s'accommoder avec le grand-duc de Toscane, ou de jeter les yeux sur l'Électeur palatin, pour opposer un nouveau concurrent au Grand-Duc.

Federic.

Nach dem Concept.