1926. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A LILLE.

Camp de Chlum, 21 juillet 1745.

J'ai reçu vos deux relations, l'une du 12 du juin passé, qui m'a été rendue par le colonel Wylich,227-2 à son retour, et l'autre du 5 de ce mois. Je suis fort surpris que l'affaire des subsides que je demande sur des raisons fort solides à la France, traîne, et que, malgré toutes les assurances qu'on vous a données sur ce sujet, il n'y ait encore rien de positif, rien de décidé jusque là; que le roi de France ne s'en explique autrement que d'une manière assez générale et vague. Comme je suis pourtant très pressé sur cet article-là, et qu'il faut que je sache une bonne fois où j'en suis avec ces gens-là, mon intention est que vous devez dire aux ministres en mon nom qu'il m'est absolument impossible de soutenir la guerre, si je ne suis promptement secouru; que lorsque les ministres m'apprendraient l'art de faire des dépenses sans des recettes proportionnées, je ne les importunerais jamais, mais que dans ce moment le besoin était si pressant, que je serais réduit par eux de m'accommoder avec la reine de Hongrie, malgré la répugnance extrême que j'ai pour cette démarche; mais nécessité n'a point de loi. Vous devez dire, de plus — pour répondre au reproche que le roi de France me fait dans sa lettre, qu'il n'est rien dit de subsides dans<228> notre traité — que ce traité n'a été accompli dans aucun point de la part de la France: 1° qu'on avait laissé repasser le Rhin au prince Charles sans le poursuivre; 2° que l'on m'avait promis des secours, en cas que je fusse attaqué dans mon pays, mais qu'il n'a été question ni de secours, ni [de diversion]228-1 de la part de la France; en un mot, que je les prie de me dire si je ne m'abîme pas dans leur alliance, et quel est le profit que je puis espérer d'une liaison où la charge est entière de mon côté et aucun avantage qui la répare. En un mot, le cas est très pressant, et je ne ferais pas de reproches et ne parlerais pas si fortement, s'il ne me fallait une réponse catégorique et prompte, que la France est la maîtresse de faire comme elle le trouvera bon. Quant à la plainte des Français que je les avertis si tard des secours que je leur demande, cela se réduit à ce qu'ils se plaignent que je leur aie ménagé beaucoup de millions que j'ai mis du mien, pour les obliger à présent à une dépense moindre, mais nécessaire. En un mot, faites votre possible pour que je reçoive une réponse positive, quand même il faudrait rabattre quelque chose, car d'un mauvais payeur il faut prendre ce que l'on peut.

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.



227-2 Vergl. S. 211 Anm. 2.

228-1 Lücke in der Vorlage in Folge mangelhafter Dechiffrirung.