<124> Woronzow que mon intention n'était pas ni serait jamais de me brouiller avec l'Impératrice, mais de cultiver plutôt l'amitié réciproque, et que je serais bien fâché, si cette amitié devait être altérée; que j'aurais toute l'obligation du monde au comte Woronzow, s'il pouvait empêcher une telle désunion et s'il voulait contribuer de sa part à ce que la bonne intelligence entre moi et sa souveraine se cimentât de plus en plus; mais que, si contre toute mon attente et contre toute espérance l'Impératrice était déjà tant embarquée qu'elle se voyait obligée de rompre avec moi, alors vous aviez ordre de dire à lui, comte de Woronzow, que comme je n'avais rien à me reprocher à l'égard de sa souveraine, je serais obligé, si l'on venait à m'attaquer, de faire tous mes efforts pour me défendre et me soutenir contre elle et contre tous ceux qui m'entameraient, s'il y en avait d'autres encore; que le bon Dieu avait jusqu'ici protégé mes justes armes et qu'ainsi j'aurais lieu d'en espérer que peut-être tous ceux qui souhaitent tant d'induire l'Impératrice à une guerre contre moi, auraient quelque raison de le regretter; mais que je mettais ma confiance en lui, comte Woronzow, qu'il y contribuerait de tout son pouvoir, pour qu'une chose qui serait sans but et sans succès, serait évitée etc. Vous direz tout cela audit comte d'une manière polie, mais avec beaucoup de contenance et avec un esprit tranquille, comme si nous ne nous souciions guère de tout ce qu'on voudra tramer contre nous. Vous ne manquerez pas de me faire votre rapport sur tout ce que le comte Woronzow vous dira là-dessus, et d'instruire en même temps Mardefeld de tout ce que je vous ai ordonné, et de la réponse que vous en avez eue. Sur quoi, je prie Dieu etc.

Federic.

J'ai ordonné ce qu'on doit écrire, dans cette lettre, touchant Woronzow et les affaires de Russie, et comme mes secrétaires n'ont pas eu le temps de le dépêcher avant mon départ, j'ai laissé trois pages en blanc pour qu'ils les remplissent.

Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.


2266. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A DRESDE.

Rheinsberg, 9 juillet 1746.

J'ai reçu, presque à la fois, les relations que vous m'avez faites le 5 et le 7 de ce mois. Des lettres que j'ai eues de Pétersbourg m'assurent que le grand-chancelier Bestushew fait tout ce qu'il peut pour porter sa souveraine à me faire la guerre; qu'il compte sur la paix générale et que V Impératrice-Reine me ferait alors une puissante diversion, conjointement avec la Saxe; aussi se promet-il que la Pologne agira en