<265> et qui connaissent la carte du pays, soutiennent d'une voix commune que, si les Autrichiens y entrent, ils ne feront guère de grands progrès et n'en ressortiront pas sans avoir souffert des pertes considérables.

Quant au mariage de la Princesse, troisième fille du roi de Pologne, avec le Dauphin, que le comte de Flemming, ministre saxon, a notifié à la cour où vous êtes, vous devez être fort attentif sur la façon dont le ministre saxon s'explique sur ce mariage et quelles couleurs il emploiera pour le faire goûter de la cour de Londres, de même quelles assurances il donnera à ce sujet-ci. Vous observerez d'ailleurs l'impression que tout ceci fera à cette cour, et si elle ne s'en refroidira pas envers la cour de Saxe, vu les liaisons qu'un pareil mariage doit occasionner entre la France et la Saxe; de quoi vous me ferez votre rapport bien exact.

J'ai été fort sensible d'apprendre que le prince des Galles a paru désirer d'avoir mon portrait; j'aurai la satisfaction de le lui envoyer; en attendant, vous devez chercher l'occasion de lui faire de ma part un compliment dans des termes les plus obligeants que vous sauriez imaginer, en l'assurant combien j'étais charmé d'avoir l'occasion de lui envoyer mon portrait, puisqu'il irait passer dans les mains d'un de mes amis que j'estimais et chérissais infiniment, mais que ma satisfaction en serait complète, si à son tour il voulait bien m'envoyer le sien, qui me manquait encore. Vous accompagnerez tout cela de tout ce que vous pourrez imaginer d'expressions des plus polies.

Au surplus, quand vous verrez le sieur de Villiers, vous devez l'assurer de la parfaite estime que j'ai pour lui inaltérablement. Vous l'assurerez encore que, si sa cour voulait m'envoyer un ministre, personne ne me serait jamais plus agréable que lui; mais s'il n'était plus de sa convenance qu'il retournât dans l'étranger, je le priais au moins qu'il voulût employer tous ses soins, afin qu'on m'envoyât à sa place une personne en qui je pourrais avoir de la confiance, et qui soit dans des sentiments bons et de l'intention d'entretenir la bonne harmonie entre moi et le Roi son maître. Vous vous expliquerez de la même façon à milord Chesterfield sur ce sujet-là. Vous lui témoignerez le bon gré que je lui avais d'avoir voulu s'expliquer si favorablement, comme il a fait, envers vous, concernant le rappel du secrétaire Laurens, et vous lui insinuerez, quoique en confidence seulement, que cet homme était un Hanovrien né qui avait de fort mauvais sentiments à mon égard et qui avait fait toutes sortes de grabuges, pendant quelque temps, qui m'empêchaient absolument d'avoir plus de confiance en lui; que je ne demandais cependant que son simple rappel, et que tout Anglais que Milord. me ferait envoyer à la place de l'autre, me serait agréable.

Comme il est assez connu qu'en Suède le parti du ministère a présent la supériorité entière dans le comité secret de la Diète présente, vous devez me mander ce qu'on en dit à la cour où vous êtes, et quel effet cela fait sur le ministère anglais. Au reste, vous devez m'en-