<314> que ce projet était dû à milord Carteret, et que l'Angleterre n'avait peut-être pas eu peu de part à l'alliance que les Russes avaient faite avec les Autrichiens.

Qu'on disait, de plus, que la reine de Hongrie n'osait rien refuser au roi d'Angleterre, et que, si c'était bien le sérieux de celui-ci de me procurer la garantie de l'Empire, certainement la cour de Vienne n'oserait jamais s'y opposer; qu'il y avait encore une infinité d'autres choses de cette nature qu'on débitait, par exemple que le roi d'Angleterre avait des vues de placer le duc de Cumberland sur le trône de Suède, et telles autres choses que je regardais comme des calomnies atroces, et qui n'étaient pas dignes qu'on y fît attention.

Mais que milord Chesterfield m'avouerait naturellement que je n'avais aucune raison valable de me brouiller avec la France, qu'au contraire je devais avoir du ménagement pour cette cour-là, afin qu'elle ne fasse pas quelque accommodement furtif avec la reine de Hongrie à mes dépens, enfin, qu'à la paix générale elle me garantisse avec toutes les autres puissances la Silésie et mes possessions; que je ne voyais rien que de fort naturel et fort simple dans ma conduite, et que j'espérais que milord Chesterfield aura lieu d'être content de la confiance dont j'agissais avec lui, et de la sincérité cordiale avec laquelle je lui expliquais mes affaires. Qu'au reste, je ne saurais lui cacher les soupçons que j'avais que toutes les insinuations contre moi lui avaient été faites de la part des Autrichiens, mais que la cour de Vienne me voyait avec les yeux dont les superstitieux voient le diable: ils lui attribuent tout le mal qui leur arrive et qu'ils appréhendent; que j'avais cependant trop bonne opinion de milord Chesterfield qu'il ne donnerait jamais dans des piéges si grossiers, que l'on ne tendait que pour aliéner lui et la nation anglaise de mes intérêts.

Vous ne manquerez pas de détailler fort bien tout cela audit milord dans le sens que je vous l'ai prescrit, et de me mander alors par une relation exacte et fort détaillée ce qu'il vous aura répondu là-dessus.

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.


2523. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

[Potsdam], ce 7 [février 1747].

Mon cher Podewils. Je crois que vous recevrez avec ma lettre la dépêche que j'ai faite à Andrié. J'espère que d'un côté elle guérira le lord Chesterfield de ses soupçons, et que d'un autre il prendra plus de confiance en moi. Je suis étonné de la politique anglaise; ils n'envisagent toute l'Europe que comme une grande république faite pour les servir; ils n'entrent jamais dans les intérêts des autres et ne se servent d'autres arguments persuasifs que de leurs guinées. Comment un homme de bon sens peut-il exiger de moi que j'aime la reine de Hongrie