2266. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A DRESDE.

Rheinsberg, 9 juillet 1746.

J'ai reçu, presque à la fois, les relations que vous m'avez faites le 5 et le 7 de ce mois. Des lettres que j'ai eues de Pétersbourg m'assurent que le grand-chancelier Bestushew fait tout ce qu'il peut pour porter sa souveraine à me faire la guerre; qu'il compte sur la paix générale et que V Impératrice-Reine me ferait alors une puissante diversion, conjointement avec la Saxe; aussi se promet-il que la Pologne agira en<125> faveur de la Russie, dès qu'elle sera entrée en lice; qu'on fait faire pour cela des insinuations aux Lithuaniens et Polonais qu'ils doivent craindre une irruption de ma part, afin qu'ils donnent plus facilement les mains à l'augmentation de l'armée de la couronne et aux projets de leur Roi. On y ajoute que le courrier de Lœben n'est pas venu à Pétersbourg et qu'il était vraisemblable que la grande négociation se traitât à Dresde par le grand-maréchal comte Bestushew. Autant que je puis juger de toutes ces circonstances, il me semble que l'intention de ces gens-là et surtout des Autrichiens et des Saxons doit être de ne pas m'attaquer d'abord, mais d'attendre la paix générale, pour venir m'assaillir alors de toutes leurs forces. Je ne vous mande cependant tout ceci que pour vous mettre d'autant plus sur les voies, afin de pouvoir approfondir, là où vout êtes, ce qui en peut être vrai ou non.

Sur ce que vous me dites qu'il pourrait fort convenir à mes intérêts que j'eusse quelqu'un de ma part à Munich qui eût du crédit pour y rectifier la cour, il faut que je vous réponde que je ne vois pas à quoi cela me servirait, aussi longtemps que la France ne veut point du tout donner de subsides, et que les autres en offrent à la Bavière. Mais je trouve plutôt à propos que vous entreteniez une correspondance précise avec le comte de Preysing, et que vous lui envoyiez pour cela un chiffre par un courrier, pour l'envoi duquel je vous paierai les frais.

Federic.

Nach dem Concept.