2489. AU MARQUIS DE VALORY, ENVOYÉ DE FRANCE, A BERLIN.

Berlin, 7 janvier 1747.

Monsieur. Je ne serai point étonné, si vous autres Français vous vous laissez encore séduire par les ministres de Saxe; votre destin singulier est d'être dupées par ces gens-là; une fois de plus, une fois de moins ne vous importe guère.

Pour moi, qui n'aime ni à tromper ni à être trompé, je suis d'un sentiment différent et je crois qu'il me conviendrait fort mal de me laisser jouer par Brühl, que je ne regarde dans le fond de mon âme que comme le dernier des misérables.

Si les Saxons croyaient avoir besoin de mon amitié, ils feraient volontiers quelques pas en avant et n'accrocheraient pas à des bagatelles des objets qui leur sont importants. Si mon amitié leur paraît inutile, je m'épuiserai en vain par des avances qui, quoique réitérées, seraient toujours inutiles. Je crois avoir assez fait à leur égard. Je suis entré dans un plus ample détail sur cet article dans la dépêche que j'ai faite<286> à mon ministre à Dresde, pour qu'il la communique au duc de Richelieu, où j'examine impartialement la conduite des deux cours après la paix de Dresde. Je n'ai rien à me reprocher, et ces gens-là devraient embrasser avec empressement l'occasion qui se présente pour former avec moi une alliance stable et solide. Je me suis encore relâché sur tous les points où j'ai cru que mon honneur me le permettait; on ne doit pas en attendre davantage de moi depuis ce qui est arrivé, et peut-être je n'ai pas tant besoin de l'alliance de Saxe qu'elle pourra avoir besoin avec le temps de la mienne.

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.