2493. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A DRESDE.

Berlin, 12 janvier 1747.

J'ai bien reçu votre dépêche du 9 de ce mois. Je me persuade que vous aurez trouvé vous-même, par la réponse que le comte de Brühl a faite au duc de Richelieu, que ce n'était pas sans raison que j'avais pensé que son unique objet était de l'amuser en montrant des dispositions à vouloir rapatrier le Roi son maître avec moi. Son seul but est toujours de tâcher d'éluder la médiation de la France et de ne gagner que du temps pour en imposer et suivre plus commodement ses anciennes brigues contre moi. Je le pénètre trop pour devenir sa dupe, et s'il est véritablement disposé à ramener et maintenir la bonne harmonie entre les deux cours, loin de chercher de nouvelles difficultés sur un si mince objet que l'article des miliciens, il se conformora à ce que je souhaite. Pour que je sache donc à quoi m'en tenir avec lui, et pour lui faire connaître la vérité et la sincérité de mes sentiments pour le Roi son maître et pour lui, mon intention est que vous vous ménagiez de sa part un entretien particulier et confident, et que vous l'assuriez nettement alors que, loin d'avoir la moindre envie de vouloir jamais opprimer la Saxe, de l'inquiéter en aucune façon ni de jamais me trouver pour rien dans son chemin, mes desseins les plus chers sont au contraire de former avec le Roi son maître une liaison sincère et durable; mais que lui, comte de Brühl, ne doit pas se flatter de pouvoir me prescrire aucune démarche pour m'obliger à former cette liaison avant qu'elle soit cimentée entre nous, mon intention étant que mes complaisances soient regardées comme un effet de mon amitié et jamais comme une suite de quelque autre motif que ce soit. Vous ajouterez d'ailleurs que j'ai un juste lieu de me plaindre de ce qu'il a envoyé encore — ou du moins permis dernièrement de venir — ici le nommé Siepmann, malgré la manière dont je m'étais expliqué, à son sujet, à Dresde avec le comte Hennicke; que je sais à n'en point douter tous les mauvais propos qu'il lui a tenus sur mon compte à son retour, et que je ne puis considérer ce voyage qu'il lui a fait faire, que comme une sorte de bravade dont je ne puis qu'être offensé et qui est absolument malhonnête; que de tout cela je ne puis enfin que conclure que lui, comte de Brühl, n'a aucun véritable dessein jusqu'ici de former une union sincère et solide entre les deux cours, et que tout ce qu'il a<290> avancé à cet égard au duc de Richelieu n'ont été que des propos jetés en avant, seulement pour l'amuser jusqu'au moment de son départ; et vous devez lui déclarer nettement que, tant qu'il ne s'occupera pas sincèrement à rétablir entre les deux cours une harmonie intime et durable, je ne pourrais jamais de mon côté prendre en lui assez de confiance pour négocier aucune affaire; mais que, s'il veut me montrer et prouver autant de sincérité et de franchise qu'il a affecté d'en avoir peu, jusqu'à présent, et former enfin une union véritable entre les deux maisons, il me trouvera aussi toujours disposé à me prêter sincèrement et cordialement à tout ce qui sera nécessaire et praticable pour y parvenir, et à lui donner personnellement, et quand les circonstances l'exigeront, des marques de ma bonne volonté pour lui; mais que, s'il s'obstine à continuer ses anciens arrangements, connaissant que je ne puis le forcer à les changer, je laisserai subsister les choses dans l'état où elles sont, et attendrai du temps et des circonstances les moyens d'éluder les desseins qu'il peut avoir de me nuire.

Quant au duc de Richelieu, qui me paraît être persuadé que les Saxons ne se décideront que conformément à leurs véritables intérêts, vous devez lui faire entendre qu'il a été heureux pour moi de n'avoir pas été de la même opinion quand ils ont voulu faire une irruption dans mes États; leur conduite depuis quelque temps montre combien ils sont peu conséquents dans les partis qu'ils embrassent, et, s'il veut y réfléchir et l'examiner lui-même, il se convaincra que le comte de Brühl est incapable d'agir jamais conséquemment.

Federic.

Vous voyez que je ne me suis pas trompé, je connais mon b … et je n'en serai pas la dupe.

Nach dem Concept. Der Zusatz nach Abschrift der Cabinetskanzlei.