2504. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Berlin, 23 janvier 1747.

J'ai bien reçu votre dépêche en date du 14 de ce mois. Je suis persuadé que vous accusez fort juste que la cour de Vienne a peu de disposition pour la paix, et qu'elle n'y donnera pas si tôt les mains. Cette façon de penser et d'agir lui est tout-à-fait particulière : quand elle s'est mis une chose en tête, elle la poursuit aveuglément et sans regarder autour de soi, jusqu'à ce qu'à la fin la nécessité la force à changer d'idée.

J'ai appris que la cour de Pétersbourg doit avoir fait des remises considérables à Constantinople, pour y faire des corruptions dans le Divan, afin que la Porte Ottomane ne remue pas. Comme il y a à présumer que la cour de Vienne y aura aussi mis du sien, c'est apparemment sur quoi leur tranquillité eu égard aux affaires de l'Orient est fondée.

Vous saurez apparemment déjà le dessein que les catholiques romains de mes États ont formé de bâtir à Berlin une église, moyennant une quête qu'ils feront faire dans d'autres États catholiques; il y a des gens qui m'ont assuré que la cour de Vienne devrait être furieusement choquée de ce dessein-là. Comme je voudrais bien savoir s'il y en a quelque chose de vrai ou non, vous ne laisserez pas de m'en donner vos nouvelles. Quant aux lustres de cristal de roche de l'héritage du feu prince Eugène, après en avoir vu les dessins et la dimension, je ne les trouve pas propres à l'usage auquel je les avais destinés, et d'ailleurs le prix qu'on en demande ne m'accommode pas; c'est pour quoi j'y renonce tout-à-fait.

Federic.

Nach dem Concept.