2582. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 31 mars 1747.

J'ai reçu la dépêche que vous m'avez faite en date du 22 de ce mois. Quant aux ostentations des Russes en Livonie, je suis tout-à-fait persuadé que la cour de Vienne en a sa part, autant que celle de Londres, et, malgré que vous soyez du sentiment que la cour de Vienne est tranquille à l'égard de mes desseins, je sais, à n'en pouvoir douter, que les ministres de la reine de Hongrie lui en font des insinuations toutes contraires. Au reste, je suis persuadé qu'il n'en sera rien de<353> toutes ces démonstrations guerrières de la Russie, puisqu'il n'y a aucun objet entre moi et la Russie qui pût fournir un juste prétexte de rupture; je crois même que, si contre toute vraisemblance la paix entre la France et la cour de Vienne parvenait bientôt à sa consistance, celle-ci, par le dérangement extrême où elle est dans ses affaires, n'osera pas m'attaquer d'abord, quand même elle pourrait compter sur l'assistance de la Russie, et qu'elle y pensera plus d'une fois, avant d'entrer dans une nouvelle guerre, dès qu'elle en aura fini une qui lui a été si onéreuse qu'elle s'en ressentira pour bien du temps. Au surplus, je suis extrêmement satisfait des portraits que vous venez de me faire,353-1 et j'attends que vous continuiez de la même façon. Je vous remercie d'ailleurs des grains de melons que vous m'avez envoyés.

Federic.

Nach dem Concept.



353-1 Vergl. S. 92 Anm. 2.