2620. AU SECRÉTAIRE WARENDORFF A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 1er mai 1747.

Votre dépêche du 15 de ce mois m'a été rendue. Depuis ma dernière que je vous ai faite, les lettres de mon ministre à Londres, le sieur Andrié, m'ont appris que milord Chesterfield lui avait avoué ingénument que, dans les premières propositions de la Russie relativement au secours que la cour de Pétersbourg s'était offert d'envoyer contre la France, cette cour avait demandé la somme de 1,500,000 roubles pour un corps de 30,000 hommes, outre une autre somme considérable pour le transport en Flandre; ce qu'ayant été refusé par l'Angleterre, la cour de Russie, en rabattant extrêmement de son marché, avait ensuite insinué que, moyennant un subside par les Puissances maritimes, elle s'engagerait de tenir un corps de 30,000 à leur disposition, et comme les États-Généraux avaient fort goûté cet expédient, on avait, en conséquence, donné des ordres au lord Hyndford; que, depuis, celui-ci avait marqué par ses dernières dépêches que la cour de Pétersbourg était prête à s'engager de tenir à la disposition des Puissances maritimes un corps de 30,000 hommes. A quoi milord Chesterfield avait ajouté que rien n'était encore signé, que même, avant que cela le fût, il fallait que cette affaire fût acceptée par toutes les provinces de Hollande, puisque la République devrait payer le quart du subside que l'on promettait à la Russie; que ce subside n'était pas encore réglé, quoiqu'il crût qu'il n'excéderait pas 80,000 livres sterling par année, surtout tandis que les troupes russiennes ne seraient point en action; mais que, lorsqu'il serait question de leur faire prendre la campagne, il serait con<378>venu d'une augmentation de subsides, et cela sur le même pied qu'étaient autrefois les Hessois et les Danois à la solde d'Angleterre, avant la présente guerre; que d'ailleurs les engagements que les Puissances maritimes prendraient avec la Russie, ne seraient que purement défensifs et, par conséquent, ne feraient d'ombrage à qui que ce soit, puisqu'ils ne tendaient que d'empêcher la France d'acquérir tout le Nord dans ses intérêts. Milord a fini par dire que le lord Hyndford lui mandait qu'il espérait que l'Impératrice accepterait un subside modéré, et qu'aussitôt qu'il aurait cette acceptation, il achèverait la négociation.

J'ai bien voulu vous dire tout ceci, pour vous mettre en état de pouvoir d'autant mieux démêler, là où vous êtes, si cette ouverture de milord Chesterfield est conforme à ce que vous pourriez apprendre sur ce sujet, et si les préparatifs qu'on fait de la part de la cour de Pétersbourg y paraissent conformes, ou si plutôt il y a cachée quelque anguille sous roche; de quoi vous ne manquerez pas de me faire vos rapports, avec toute l'exactitude qui vous sera possible.

Federic.

Nach dem Concept.