2621. AU CONSEILLER ANDRIÉ A LONDRES.

Potsdam, 1er mai 1747.

Avant que de vous répondre sur tout ce que milord Chesterfield vous a dit relativement à la convention à faire entre l'Angleterre et la Russie, touchant un corps de troupes que la dernière doit tenir prêt à la disposition des Puissances maritimes, et dont vous m'avez rendu compte par le post-scriptum de votre dépêche du 18 d'avril passé, il faut que je vous instruise de ce qui m'en est revenu de fort bon endroit, avant que votre dépêche alléguée m'est parvenue378-1

Comme ses circonstances diffèrent en plusieurs articles des insinuations que milord Chesterfield vous a faites, j'avoue que je ne sais pas ce que j'en dois penser, et que je crains quelque dessous des cartes, surtout quand je combine à cela l'affaire de Blackwell à Stockholm,378-2 et les avis que j'ai eus de Hollande que jusqu'à présent les États-Généraux ne sont entrés pour rien dans un tel arrangement, dont la cour de Londres ne leur en a pas fait la moindre ouverture, pour ne pas dire encore que le ministre hollandais à Pétersbourg, le sieur de Swaart, a été exclu de toutes les conférences que les ministres russiens ont eues à ce sujet avec les ambassadeurs des cours de Londres et de Vienne. Vous devez donc tâcher à vous expliquer là-dessus avec milord Chesterfield, et lui insinuer poliment, quoique d'une façon énergique, que j'avais tout lieu d'être surpris d'un procédé si extraordinaire; que l'Angleterre m'avait toujours donné les assurances les plus fortes de son amitié, qu'elle m'avait garanti mes États, et qu'elle s'était obligée par la con<379>vention d'Hanovre de la garantie de l'Empire et d'autres garanties encore; que, malgré cela, elle était sur le point de vouloir payer des subsides à la Russie, pour tenir un corps de troupes tout proche à mes frontières; que tout le monde ne le saurait envisager autrement que comme un prétexte pour cacher d'autres vues, quand on disait qu'on tenait seulement ces troupes pour empêcher la France d'acquérir tout le Nord dans ses intérêts, et qu'un problème de cette façon ne pourrait point du tout entretenir la confiance que j'avais eue jusqu'à présent à l'Angleterre et aux assurances lés plus fortes qu'elle m'avait données, et que je laissais juger milord Chesterfield lui-même si je n'avais pas lieu d'être sur mes gardes et de prendre des mesures en conséquence. Vous serez fort attentif sur tout ce qu'il vous répondra là-dessus, et m'en ferez un rapport bien détaillé et exact, que vous n'enverrez qu'à moi seul immédiatement.

Federic.

Nach dem Concept.



378-1 Es folgt die in Nr. 2618 enthaltene Mittheilung.

378-2 Vergl. S. 415.