2626. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 6 mai 1747.

J'ai bien reçu votre dépêche du 24 du mois d'avril passé. Quant à l'affaire de Wurtemberg,381-1 j'ai bien voulu que vous la deviez recommander, quoique légèrement, aux ministres de France; mais dès que cela n'a point opéré, et que ces ministres en ont paru même choqués, vous la deviez laisser tomber tout-à-fait.

Depuis que la France a résolu de se procurer la paix moyennant ses armes, je suis extrêmement curieux de savoir exactement toutes les dispositions que l'on fait pour continuer et pousser la guerre, et en<382> quels endroits les Français voudront faire leurs efforts. Vous devez donc tâcher de tout votre mieux à me satisfaire là-dessus.

Comme j'apprends par les lettres que j'ai eues de Suède, que, depuis que l'affaire de l'alliance à conclure entre moi et la Suède, a été mise solennellement en déliberation à la Diète, le parti anglais et russien a remué ciel et terre et a fait jouer tous les ressorts imaginables pour la faire échouer ou pour en arrêter le cours, ainsi que l'événement en doit être fort douteux encore, quoique pas sans espérance — j'ai bien voulu vous ordonner positivement que, le cas même arrivant que l'affaire de l'alliance en question dût échouer ou être arrêtée par les brigues du parti contraire, vous devez, nonobstant de cela, recommander fortement aux ministres de France, et principalement au marquis de Puyzieulx, de donner des subsides à la Suède et de ne point la laisser échapper, puisque l'on pourrait prévoir les fâcheuses conséquences qui en résulteraient si la France ne s'attachait la Suède moyennant des subsides, et exposait la nation, par un refus de ces subsides, de se jeter dans les bras des ennemis de la France. Il sera, au surplus, nécessaire que vous réitériez382-1 vos insinuations aux ministres de France par rapport à la conduite singulière que la cour de Danemark tient actuellement envers la Suède, et de la nécessité qu'il y avait à faire là-dessus des représentations sérieuses à cette cour, relativement à ce sujet.

Federic.

Nach dem Concept.



381-1 Vergl. S. 356.

382-1 Vergl. S. 372. 373.