2627. AU CONSEILLER ANDRIÉ A LONDRES.

Potsdam, 6 mai 1747.

Sur la dépêche que vous m'avez faite en date du 21 du mois dernier d'avril, je vous dirai que vous jugez fort bien, selon moi, quand vous croyez que le traité de subsides que l'Angleterre médite à faire avec la Russie, a un autre but encore que celui de vouloir se garantir contre la trop grande influence de la France dans le Nord, et je ne doute presque pas qu'on ne veuille en même temps se précautionner par là contre moi, dans la crainte, quoique tout-à-fait frivole, que je ne veuille un jour troubler en faveur de la France le système des alliés; mais ce que j'appréhende d'ailleurs, c'est qu'il ait quelque trame sourde en faveur du duc de Cumberland contre la succession établie en Suède, qu'on voudra appuyer par la Russie, et que c'est la raison principale et secrète pourquoi milord Chesterfield à témoigné toujours du mécontentement sur l'alliance à faire entre moi et la Suède, aussi souvent qu'il vous en a parlé;382-2 et telle quelle soit l'affaire de Blackwell,382-3 elle donne cependant toujours fort à penser. C'est pourquoi vous devez tâcher d'éclairer ce point-là avec toute l'adresse et savoir-faire dont vous êtes capable.

<383>

Au surplus, il n'y a rien de plus fondé que les soupçons que vous avez contre le sieur Robinson et que celui-ci n'exécute pas comme il faut les ordres qu'il reçoit de sa cour relativement à l'affaire de la garantie par l'Empire du traité de paix de Dresde, ce ministre ayant une passion aveugle et outrée pour la cour de Vienne, ainsi que j'ai tout lieu de présumer qu'il n'a jamais que fort faiblement exécuté les ordres de sa cour à cet égard, et qu'il a plutôt animé sous main la cour de Vienne à tenir ferme, jusqu'à ce qu'on m'ait mené à garantir réciproquement la Sanction Pragmatique dans tout son entier.

Federic.

Nach dem Concept.



382-2 Vergl. 338. 361.

382-3 Vergl. S. 415.