2691. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.

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Finckenstein berichtet, Petersburg 16. Juni: „Les dernières lettres de Suède ont enfin apporté la nouvelle de la signature de l'alliance entre Votre Majesté et la Suède … Il y a apparence qu'on sera d'autant plus consterné ici de cet événement qu'on s'était flatté que la déclaration au sujet des quarante galères425-3 empêcherait la conclusion du traité … L'ami important convient enfin lui-même que la négociation du traité de subsides entre la cour de Londres et celle de Russie

Potsdam, 4 juillet 1747.

Vos dépêches du 16 du mois passé de juin me sont bien parvenues, et ma satisfaction d'apprendre que mon alliance conclue avec la Suède n'a pas laissé de faire assez d'impression sur la cour de Pétersbourg, a été d'autant plus grande que j'ai toujours cru que, dès que le Chancelier apprendrait

est assez avancée et qu'elle ne tardera pas à parvenir à sa maturité … Il a répété à cette occasion les mêmes assurances qu'il a déjà données plus d'une fois, savoir que Votre Majesté ne devait pas prendre ombrage de cette convention, puisqu'on n'y stipulerait rien qui fût préjudiciable à Ses intérêts. Il a avoué en même temps que le but de la cour de Londres dans toute cette affaire n'était que de tenir Votre Majesté en échec, que les États-Généraux n'y étaient jusqu'ici entrés pour rien, mais qu'il croirait bien qu'ils accéderaient par la suite du temps, et il a fini par dire que Votre Majesté pouvait compter que personne ne L'attaquerait tant qu'Elle resterait dans Ses résolutions pacifiques … Il a d'autant plus lieu de souhaiter que Votre Majesté reste dans l'inaction, qu'après les assurances réitérées qu'il a données à l'Impératrice des sentiments pacifiques de Votre Majesté, il craindrait lui-même d'en être la victime si Elle venait à prendre un parti contraire … Je crois que Votre Majesté ne sera pas peu surprise d'apprendre la mort subite de Witting426-1 dans le temps qu'il est sur le point de quitter ce pays-ci. Ce malheureux expira mardi dernier … avec des symptômes si singuliers que le médecin Sanchez qui fut appelé, a avoué lui-même que la chose ne lui paraissait pas toute naturelle. Il ya toute apparence qu'il a été fort avant dans l'affaire de Blackwell, ou qu'on a été informé des chiffres qui lui ont été enlevés, et que le Chancelier, de crainte qu'on ne trouvât enfin moyen de faire quelque découverte qui retombât sur luimême, aura jugé à propos de l'expédier, pour couper court à toute recherche ultérieure.“

que ce traité d'alliance serait parvenu à sa maturité, il en grincerait les dents, mais qu'il baisserait en même temps le ton. A présent, vous devez continuer à poursuivre attentivement les impressions que cet événement fera tant sur le Chancelier que sur le ministre autrichien Pretlack, et sur le reste de cette clique, savoir les ministres d'Angleterre, de Danemark et de Saxe.

J'ai été fort content de la déclaration que notre ami important vous a faite, relativement au traité de subsides à faire entre la Russie et l'Angleterre; je ne mettrai jamais sur son compte les démarches qu'on fait faire à sa souveraine, aussi préjudiciables à sa gloire qu'à ses intérêts. Tout ce que j'ai d'appréhension encore sur ce traité, c'est qu'on n'y ait stipulé par quelque article secret des choses préjudiciables à la succession établie en Suède. Je sais bon gré au sieur Warendorff de ce qu'il a rassuré notre ami sur ses craintes tout-à-fait frivoles comme s'il y avait dans mon traité avec la Suède des concerts pris contre la Russie; la communication de ce traité, qui se va faire incontinent après que les échange des ratifications se seront faits, achèvera de rassurer notre diene ami à ce suiet. Si cet ami souhaite que je reste dans l'inaction par rapport à la guerre présente entre la France et ses ennemis, ses vœux seront accomplis, et vous devez l'assurer de la manière la plus forte que c'était ni mon intention ni de mon intérêt d'entamer présentement la reine de Hongrie, jusque là que, quand même elle n'aurait pris aucun engagement avec la Russie, j'irais toujours le même train et ne me remuerais en aucune façon contre elle ni ne me mêlerais du tout de la guerre présente, et qu'en conséquence de cela notre ami pourrait hardiment traiter de faux et de controuvé tout ce que le parti autrichien voudrait insinuer à sa cour des intentions

 

suspectes que j'avais et des arrangements et des préparatifs que je faisais en conséquence. Sur ce qui est de l'ordre secret de l'Impératrice que le Chancelier a trouvé moyen de donner au comte de Keyserlingk, vous pouvez compter que l'avis que je vous en ai donné est sûr.427-1 La mort tragique du nommé Witting est plus honorable pour lui qu'il ne l'a mérité.

Federic.

Nach dem Concept.



425-3 Vergl. S. 400.

426-1 Der in die Ferbersche Sache (S. 206. 363) verwickelte Agent Bestushew's.

427-1 Vergl. S. 400. 401.