<21> avec cette couronne, mais principalement pour la garantir du danger imminent qui la menaçait, avait pris la résolution de faire entrer un corps de ses troupes dans la Finlande suédoise, tout comme elle avait secouru le royaume de Suède en 1743 à l'occasion des troubles qui l'agitèrent dans ce temps-là, protestant néanmoins que ces troupes ne viendraient pas comme ennemies, mais comme amies, qu'elles paieraient tout argent comptant, qu'on leur ferait aussi garder une discipline des plus exactes, et qu'elles ne molesteraient personne; enfin, qu'on retirerait ces troupes du territoire suédois aussitôt que les conjonctures auraient changé de face.

Le susdit ministre qui a fait cette confidence au mien, lui a lu tout le précis de cette déclaration et lui a fait entendre en même temps qu'on faisait monter ce corps de troupes jusqu'à 30,000 hommes; qu'on en embarquerait bon nombre sur les galères, et que ladite déclaration se faisait sur les instances et sur la réquisition d'une partie de la nation suédoise.

Mon dit ministre ajoute qu'il avait d'autant moins lieu de douter de la réalité de cette fâcheuse nouvelle qu'il avait toujours craint que le dessein du Chancelier ne fût de renverser le ministère présent de Suède, dessein qu'il se flattait, selon toutes les apparences, d'exécuter moyennant la susdite démarche, et qu'il y avait engagé sa souveraine sous prétexte que sans cela on ne serait jamais à l'abri de l'appréhension qu'on ne portât atteinte à la forme présente du gouvernement de Suède. Il continue à dire qu'il était persuadé que ce plan avait été concerté avec les cours de Londres, de Vienne et de Danemark, et que pour en faciliter l'exécution d'autant plus aisément, la cour de Russie tâchait de se faire autant d'alliés qu'il lui était possible, et d'attirer surtout la Saxe dans la ligue, en quoi elle ne manquerait point de réussir. Mais ce dont on avait lieu d'être surpris, c'était que le chancelier Bestushew n'eût communiqué le moindre mot de tout ce que dessus au baron Hœpken.

Comme il m'importe fort que votre cour soit informée au plus tôt de cette désagréable nouvelle, je vous prie instamment d'envoyer d'abord un courrier à M. de Puyzieulx pour l'en informer, et pour le prier de vouloir bien nous aider de son conseil, ce qu'il y avait à faire dans des circonstances aussi scabreuses que celle-là. Au surplus, on a tout lieu de supposer que l'Angleterre a fourni à la Russie des sommes en argent, pour la mettre en état de faire cette démarche.1 Sur quoi, je prie Dieu etc.

Federic.

Voilà donc la guerre autant que déclarée.

Nach der von Valory eingesandten Abschrift im Archiv des Auswärtigen Ministeriums zu Paris.



1 Vergl. S. 3. 5. 18.