<304> alliances avec des princes de l'Empire, et les autres circonstances que vous me marquez, me font envisager les grandes affaires de l'Europe plus critiques actuellement qu'elles n'ont été du dernier temps passé, et vous aurez tout lieu de redoubler votre attention pour bien approfondir ce qui se chipote à la cour où vous êtes et pour pouvoir solidement juger sur le train que toutes ces affaires pourront prendre à la fin. Pour ce qui concerne les chipotages avec le ministre saxon, comte Flemming, je n'en suis guère ombragé, et, au bout du compte, j'aimerai toujours mieux d'avoir la cour de Dresde pour ennemie déclarée que de me voir exposé à ses souterrains sous le masque d'une amitié apparente et fausse.

Quant à toutes les autres batteries que l'Angleterre dresse, je suis dans la persuasion, encore, qu'il s'y agit principalement de fortifier son parti dans l'Empire, afin de ne point manquer l'élection d'un roi des Romains qu'on a en vue de faire dans la personne du prince aîné de l'Empereur. H se peut d'ailleurs que le second but où la cour de Londres vise par ses alliances, soit d'avoir à sa disposition un corps de troupes, au cas que les choses parvinssent à une rupture ouverte entre la Russie et la Suède. Mais comme ce ne sont que des conjectures que je forme, vous devez être bien vigilant pour démêler tout ceci et faire d'ailleurs de votre mieux, afin que l'ambassadeur de France soit exactement informé de toutes les menées de la cour britannique et de ses alliés.

Sur ce qui regarde les prétentions de mes sujets à la marine d'Angleterre, je vous crois suffisamment instruit de mes intentions et des mesures que je prendrai à ce sujet; ainsi donc, tout ce qui vous restera à faire dans ceci, c'est d'en renouveler de trois en trois mois vos représentations au ministère anglais, nonobstant qu'il revienne toujours à la même réponse, afin que ce ministère s'aperçoive au moins que je ne veux point perdre de vue cette affaire. Au reste, vous avez parfaitement bien rencontré mon idée par rapport au payement des dettes de la Silésie; car, dans la crise présente des affaires de l'Europe, j'attendrai le temps où je pourrai voir clairement de quelle façon elles se développeront, avant que de me décider sur la continuation du payement de cette dette. Et comme je crois que je pourrais être à même d'en juger dans le mois de juin ou de juillet qui vient, je m'arrangerai alors selon les circonstances de la paix ou de la guerre.

Federic.

Nach dem Concept.


4199. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 24 mars 1750.

Par tout ce que vous me marquez dans votre dépêche que la dernière ordinaire m'a apportée, je crois m'apercevoir clairement que la