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4217. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE-, A VIENNE.

Potsdam, 31 mars 1750.

La réponse que le comte d'Ulfeld vous a faite sur la déclaration que vous avez été obligé de lui faire de ma part en conséquence de votre rapport, a été précisément telle que je me la suis figurée d'avance, savoir égale, à peu près, à celle qu'on ferait au ministre de France.1 Il nous restera à voir par le succès des affaires si l'effet répondra aux belles promesses que la cour de Vienne nous a données. Car mes dernières lettres que j'ai eues de Pétersbourg, donnent plus d'ombrage qu'elles n'ont fait jusques là, puisqu'elles marquent que la Russie travaillait à une réplique à donner à la Suède sur la réponse faite au mémoire de Panin, mais qu'il n'était que tout-à-fait certain que le chancelier Bestushew redoublerait toute sorte de chicanes et d'agaceries contre la Suède, pour la mettre, pour ainsi dire, au pied du mur, afin de l'engager, s'il est possible, à commencer, elle, la première le branle. Quoiqu'il se puisse que tout ce que l'on fait d'arrangements militaires, n'aboutisse qu'à des démonstrations pour intimider la Suède, cependant la façon dont on commence à s'y prendre cette fois-ci, ne laisse pas de donner des soupçons comme si les affaires pourraient devenir sérieuses. C'est pourquoi je vous recommande extrêmement d'avoir une attention particulière à ce qui se fait en Hongrie, et si la cour fait des arrangements qui dénotent qu'elle voudra envoyer de la Hongrie quelque corps de troupes auxiliaires à la Russie. Je veux bien supposer que la cour de Vienne regarde de mauvais œil les démarches violentes et les agaceries du chancelier de Russie contre la Suède, mais je soupçonne en même temps qu'elle a déjà aigri à un certain point ledit Chancelier contre la Suède, qu'elle ne sait à présent plus comment le ramener et qu'elle se voit presque hors d'état de le tenir en bride.

Federic.

Nach dem Concept.


4218. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 31 mars 1750.

J'ai bien reçu votre dépêche du 20 de ce mois. Puisque la proposition que vous avez faite par mon ordre au marquis de Puyzieulx, pour que quelque ministre de France à une cour étrangère soit chargé de faire ministérialement à un ministre de Russie qui y réside une déclaration dans le même sens que je la fais faire à Pétersbourg,2 n'a pas été goûtée, vous n'en parlerez plus et laisserez tomber cette affaire.

Quant aux nouvelles de Vienne et de Londres, je me réfère à ce que mes ministres du département des affaires [étrangères] vous en marqueront; j'ajoute seulement que mes dernières lettres de Londres



1 Vergl. S. 338.

2 Vergl. S. 273. 277.