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4931. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE MALTZAHN A LEIPZIG.

Maltzahn berichtet, Leipzig 6. Mai: „Le comte de Hennicke vient de me remettre le mémoire ci-joint concernant l'arrangement à prendre pour contenter successivement les sujets de Votre Majesté, créanciers de la Steuer. Suivant ce mémoire, on les partage en trois classes. La première contient les billets qui ont été dans les mains de Prussiens lors de la signature de la paix de Dresde, dont on veut payer les échus à la foire présente et dont la somme monte, selon leur désignation, à 145,700 écus. Ceux qui viendront à échoir dans la suite, seront fidèlement payés aux termes échus, suivant la teneur de l'article II dudit traité de paix. La seconde regarde les billets acquis après la paix. On offre de payer, cette foire-ci, 60,000 écus sur ceux-ci, et 60 à 70,000 écus en suite à chaque foire comme un fond d'amortissement qui sera payé en préférence aux autres créanciers de la Steuer, jusqu'à ce que la somme de tous les billets qui se trouvent actuellement entre les mains de Prussiens, sera éteinte. Quant à la troisième classe, on se flatte que Votre Majesté, de façon ou d'autre, fera savoir à Ses sujets que, s'ils acquièrent encore des billets après la désignation finie, ils n'en pourront presser le payement par aucune prérogative.“

Potsdam, 9 mai 1751.

Vos dépêches du 5 et du 6 de ce mois m'ont été fidèlement rendues, et j'ai pu voir par leur contenu à quoi le ministère de Dresde a voulu s'entendre de nouveau sur les dettes de la Steuer due à mes sujets. Mon intention est que vous répondiez là-dessus audit ministère en termes honnêtes, mais d'ailleurs intelligibles, que, quoiqu'il m'eût été très agréable d'apprendre que la cour de Dresde ait bien voulu donner des assurances réitérées de vouloir accomplir exactement le contenu de l'article 11 du traité de paix de Dresde, j'avais cependant toutes les raisons de me plaindre de ce que ledit ministère avait en même temps voulu interpréter l'article en question d'une manière diamétralement opposée à son vrai sens littéral.

Vous continuerez par dire que, dès que le ministère de Saxe voulait tant faire que de chicaner à l'heure qu'il est sur un traité aussi authentique, il était à voir par là à quoi j'aurais à m'attendre de sa part, en cas que je me désistasse de la disposition toute claire du traité pour entrer là-dessus dans des conventions nouvelles à ce sujet; qu'ainsi personne au monde ne pourrait me mettre à charge que je ne voulusse point me prêter à aucune innovation et que je m'en tinsse à ce qui a été disposé clairement par la teneur du susallégué article. Que ce que j'avais fait jusqu'ici comme ami et bon voisin de la Saxe, avait été de conniver à ses besoins, quand elle s'était trouvée en défaut de fonds nécessaires pour payer indistinctement à mes sujets créanciers de la Steuer tous les billets échus dont ils étaient en possession; mais qu'au moment que le ministère de Saxe était pourvu d'argent, il m'était impossible de permettre que mes sujets, à leur grande perte et ruine, contre la disposition du traité de paix et contre tout droit, dussent être frustrés de leurs prétentions. Que c'était une chose avérée que le dernier prêt en argent que l'Hanovre avait fourni à la Saxe, portait pour condition que les sujets prussiens en fussent con-