<479> à son but, et la fortune l'a si bien secondé qu'il a plus d'autorité qu'aucun de ses prédécesseurs n'en a eu. La même chose peut vous arriver, il n'y a qu'à voir venir.

Je vous demande pardon de cette ennuyeuse lettre, ce n'est pas la première que vous avez reçue de moi dans ce genre-là, et je crains fort que ce ne soit pas la dernière. Conservez-moi votre précieuse amitié et soyez bien persuadée de la tendresse et de tous les sentiments de la plus haute estime avec laquelle je suis, ma très chère sœur, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Extrait.

Je puis rendre compte de bon lieu et de fraîche date comment la cour de Vienne pense sur les affaires du Nord. C'est de l'entretien d'un homme d'esprit et non suspect, qu'il a tenu au comte Ulfeld. Il a donc demandé à celui-ci comment les affaires du Nord en tourneraient à la Diète; à quoi le dernier a répondu qu'il craignait plus que jamais qu'il n'en résultât de nouveaux troubles; qu'à la vérité la Suède, selon toutes les apparences, ne changerait pas la forme présente du gouvernement par le rétablissement de la souveraineté, mais que les États pourraient donner plus de pouvoir au roi de Suède qu'il n'a actuellement, ce que la Russie ne pourrait pas souffrir. A quoi notre homme l'a prié de vouloir bien l'éclaircir [sur] toutes ces affaires, puisqu'il n'avait qu'une connaissance superficielle sur la Suède, savoir si la Russie avait droit sur elle, ou bien si cette dernière était une puissance indépendante.

Le comte Ulfeld lui a fait connaître que la Suède était sans doute indépendante et qu'il n'entrait point ici de droit réel de la Russie, mais qu'elle en avait sûrement un de convenance, trop intéressant pour ne pas s'opposer vivement au moindre changement de la souveraineté. Notre homme a poussé plus loin, pour savoir si un changement pareil était important. Sûrement, a répliqué le comte Ulfeld; l'histoire nous apprend combien les rois de Suède souverains ont été redoutables; la nation suédoise est brave, le sort des armes incertain, et la Russie, quoique puissante, pourrait par malheur de guerre devenir inutile à ses alliés. C'est tout, ajouta-t-il, comme si par exemple la Pologne s'avisait de changer sa forme présente de gouvernement : ni la Russie, ni la cour de Vienne ne le permettrait jamais.

Je prie Votre Majesté avec instance de me vouloir bien garder un secret absolu sur tout ce que dessus.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei. Der Extrait nach dem Concept.