4925. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.

Potsdam, 8 mai 1751.

J'ai bien reçu votre rapport du 23 dernier. Je dois vous faire remarquer que, malgré l'avis que vous avez eu qu'après la mort du prince de Galles et la défection de l'électeur de Cologne le comte Richecourt n'avait pas été en état d'envoyer son courrier à Vienne,352-1 il en est cependant arrivé un depuis peu à la dernière cour, ce qui me fait soupçonner qu'on traite à Londres les affaires touchant l'élection d'un roi des Romains avec tant de secret qu'il n'en a rien pu parvenir à votre connaissance.

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D'ailleurs je veux bien vous dire, quoique pour votre direction seule et avec défense expresse de n'en rien communiquer à personne ni d'en faire même aucune mention dans les doubles de vos rapports que vous adressez au département des affaires étrangères, qu'on a vu une lettre écrite du comte Haslang à Londres où il s'exprime en termes exprès que le roi d'Angleterre était trop engagé dans l'affaire de l'élection et que son honneur y était trop intéressé pour la laisser tomber. Dès qu'on aurait la Saxe, on procéderait aux formalités requises; il y aurait bien des protestations et des débats, mais qu'à la fin l'affaire se ferait, la cour de Londres était très assurée que la France ne commencerait pas la guerre pour l'empêcher, et ce qu'elle faisait jusqu'ici était uniquement pour cajoler le roi de Prusse, lequel peut-être on trouverait aussi moyen d'apaiser, au moins on y travaillait actuellement à Londres, et l'ambassadeur de France avait eu plusieurs conférences à ce sujet.

Je vous fais confidence de tout ceci, afin que vous redoubliez d'attention sur cette affaire et que vous tâchiez d'en approfondir bien les circonstances.

Federic.

Nach dem Concept.



352-1 Vergl. S. 348.