5058. AU COMTE DE TYRCONNELL, MINISTRE DE FRANCE, A BERLIN.

Potsdam, 17 août 1751.

Milord. Après que ma lettre d'hier vous fut envoyée, avec la pièce secrète que j'y avais fait joindre, il m'est entré une autre encore, que j'ai bien voulu vous communiquer dans la même confidence que celle d'hier, vu qu'elle est la suite de la première et qu'elle contient d'ailleurs des circonstances qui jettent bien de la lumière sur ce qui se chipote secrètement dans le moment présent à Pétersbourg entre les alliés de la Russie. En voici donc la traduction que j'en ai fait faire pour votre usage et qui exprime fidèlement le sens littéral de la pièce, sur laquelle je vous prie cependant de m'observer le secret le plus absolu. Sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Traduction littérale de la lettre du baron de Pretlack au comte d'Ulfeld à Vienne.

Pétersbourg, 31 juillet 1751.

Mon dernier rapport à Votre Excellence était du 24 de ce mois, lequel je Lui ai envoyé par Breslau, la poste par la Pologne, comme Elle sait, ayant cessé. Le rescrit très gracieux impérial du 26 de juin, avec votre lettre de même date, ne m'est parvenue que depuis quatre jours. J'avais en quelque façon fait espérer dans mon post-scriptum du 16 de ce mois que l'affaire de l'échange entre le Danemark et le grandduc de Russie pourrait être remise sur le tapis sous la médiation de l'impératrice de Russie; je dois donc dire en conséquence à Votre Excellence que les deux Chanceliers ont fait rapport à l'Impératrice sur cette affaire, mais, le Grand-Duc s'étant jeté quelques jours auparavant aux pieds de Sa Majesté Impériale, pour lui représenter que feu l'impératrice Anne avait donné des assurances sur cela à feu son père, l'Impératrice n'a point encore pris de résolution finale à cet égard. Mais elle a ordonné aux deux Chanceliers que chacun d'eux, de même que les autres membres du collège des affaires étrangères, missent leurs sentiments par écrit, savoir quelle influence pourrait avoir l'échange en question. Le Grand-Chancelier s'en est déjà acquitté, et il est à voir comment le vice-chancelier de Russie — qui s'est toujours conformé là-dessus à l'avis du Grand-Chancelier quand il en a été question dans le collège des affaires étrangères, mais qui n'a produit aucune parole<432> lorsqu'ils en ont fait le rapport ci-dessus en commun — s'expliquera sur cette facilité, et sur quel pied le vont faire les autres membres.

Au reste, le ministre d'Angleterre a reçu par la dernière poste deux expéditions à la fois, l'une du 31 mai et l'autre du 25 juin. La première lui a été adressée par Vienne, et l'autre directement. Dans celle du 31 mai, il lui est faite réponse sur le traité de subsides qui avait occasionné les réflexions, sur ce qu'il était impraticable, que vous savez et que j'ai envoyées le 15 mai. Dans l'autre, du 25 juin, on fait des promesses à la cour de Russie qui, quoiqu'elles ne soient pas entièrement satisfaisantes, ne peuvent cependant pas lui être tout-à-fait désagréables. Comme l'on ne saurait prévoir si cette réflexion de l'Angleterre doit être remise directement à la cour de Russie ou si elle doit uniquement servir de direction aux ministres anglais, afin d'en faire un bon usage, je lui ai conseillé de n'en rien donner à connaître ici, avant que d'avoir reçu à cet égard une réponse par écrit du Grand-Chancelier.


Nach der Ausfertigung; die Beilage nach dem Dechiffré der von Tyrconnell eingesandten Abschrift. Im Archiv des Auswärtigen Ministeriums zu Paris.