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5302. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

Potsdam, 29 janvier 1752.

Il est fort à regretter que les ministres de France soient tellement prévenus sur les affaires que vous le mandez par votre dépêche ordinaire du 17 de ce mois, et je n'en saurais conclure sinon qu'ils traitent les affaires les plus sérieuses et les plus importantes d'une manière si légère et superficielle qu'elle ne saurait se justifier en aucune façon.

Cependant je suis toujours du sentiment qu'il serait très nécessaire que le ministère de France fît sonder du moins encore présentement la Porte Ottomane sur sa façon de penser par rapport aux vues de la cour de Vienne, le cas existant d'une future vacance du trône de Pologne.

Au reste, mon intention est que vous me mandiez immédiatement avec toute la justesse possible et avec une entière confiance si M. de Saint-Contest manque d'esprit et de pénétration pour traiter les affaires, ou s'il en est empêché par ignorance et parcequ'il n'est pas au fait des affaires. Quant à moi, je veux bien vous dire, sous le sceau du secret le plus impénétrable, ce qui m'est revenu de Vienne sur le sujet de ce ministre, qui est qu'on l'y regardait comme un homme qui croit remplir sa tâche en écoutant et en s'offrant de vouloir réfléchir aux cas qui lui sont proposés, comme une personne embarrassée qui décline la dépendance des avis du marquis de Puyzieulx et du comte de Saint-Séverin,1 de sorte qu'on ne savait point encore à Vienne à quel point on pouvait tabler sur lui, ni étant connu avec justesse, ce qui faisait qu'on ne s'y fiait que peu.

Federic.

P. S.

Quant aux propositions de l'abbé de Gua2 que vous m'avez fait parvenir, je les trouve assez déplacées. Mon intention n'est pas de me servir de lui pour la philosophie ou pour les mathématiques, mais pour donner de la profondeur à des ports et à des fleuves; à l'effet de quoi je ne prétends pas le faire voyager.

Je souhaiterais donc seulement de savoir si ledit abbé de Gua est au fait de ces sortes de matières et s'il possède quelque invention de machines plus propres que celles qui nous sont déjà connues, pour donner à un port qui, par exemple, aurait sept pieds de profondeur, quatorze pieds de profondeur. S'il ne sait rien là-dessus, et s'il ne connaît des machines plus propres que celles qui ont été mises en usage jusqu'à présent pour obtenir le but ci-dessus, il ne peut m'être d'aucune utilité et n'aurait qu'à rester où il est.

Nach dem Concept.



1 Vergl. Bd. VIII, 521.

2 Vergl. Bd. VIII, 578.