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5378. A LA COMTESSE DE TYRCONNELL A BERLIN.

Potsdam, 17 mars 1752.

Milady. Le cas tout particulier que j'ai toujours fait de feu le comte de Tyrconnell, votre digne époux, dont vous pleurez la perte, doit assez vous persuader à quel point je partage la douleur que vous ressentez. Vos larmes sont justes et de nature que le temps seul peut vous fournir quelque consolation; je mêle bien sincèrement mes regrets aux vôtres et je suis véritablement mortifié que vous ayez éprouvé des malheurs si sensibles dans un pays où on ne vous a souhaité que tout le bien et la satisfaction imaginable; mais la Providence en a dispose autrement, il faut se soumettre à ses décrets. Je suis, au reste, bien fâché que l'état où vous vous trouvez, ne me permette pas de vous voir encore avant votre départ de Berlin. Vous pouvez être assurée que je ne vous oublierai jamais, et que l'estime particulière que vous méritez si bien de ma part, me rendra votre souvenir toujours cher et agréable.

Federic.

Nach dem Concept.


5379. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE MALTZAHN A DRESDE.

Potsdam, 17 mars 1752.

J'ai de la peine à me persuader que ce que des Polonais à qui vous avez parlé, vous ont dit, en conséquence de votre rapport du 15 de ce mois, au sujet de la jalousie que la famille de Czartoryski portait au comte de Brühl, au point qu'elle verrait mieux rompre la Diète que de permettre que l'indigénat de celui-ci y soit confirmé,1 soit exactement conforme à la vérité, car, autant que je sais, les Czartoryski regardent trop inférieur à eux le comte de Brühl, pour ne point craindre son agrandissement en Pologne. Quoi qu'il en soit, mes lettres de Pologne marquent que la Pologne était actuellement pleine de fermentation touchant la Diète prochaine, et que les différents partis étaient dans la plus grande agitation à cet égard; que les Czartoryski n'épargnaient rien pour procurer à la cour de Dresde la supériorité qu'elle souhaitait, et que leurs émissaires rôdaient à ce sujet de province en province. Que leur parti était néanmoins divisé en différentes opinions; que tous convenaient qu'il fallût que la République accédât au traité de Pétersbourg,2 mais que les uns opinaient qu'il faudrait y ajouter des clauses pour assurer à la cour de Saxe la succession à la couronne de Pologne, au lieu que d'autres estimaient que le projet d'assurer cette succession au prince Charles de Lorraine pourrait trouver d'autant plus d'appui que les intérêts du comte de Brühl devaient le porter à y donner les mains. Ce que j'ai bien voulu vous dire pour votre direction seule.



1 Vergl. Bd. VII, 58.

2 Vom 22. Mai/2. Juni 1746. Vergl. Bd. V, 187 Anm. 2